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Pétition pour le dossier Norbert Zongo/Réussira-t-elle ce que la rue n’a pas pu ?

Pétition pour le dossier Norbert Zongo

Réussira-t-elle ce que la rue n’a pas pu ?

 

Chaque 20 octobre, le Centre National de presse Norbert Zongo (CNP/NZ) organise des activités pour célébrer la journée nationale de la liberté de la presse. Cette année, la crise financière oblige, une conférence-débats a été animée par le Professeur Claude Wetta, l’analyste financier Harouna Ouédraogo et l’altermondialiste le Père Jacques Lacour sur la question. Ce jour, le CNP/NZ a lancé une pétition adressée au Président du Faso pour la réouverture du dossier Norbert Zongo.

 

D’entre de jeu, on pourrait se demander pourquoi une pétition pour le dossier Norbert Zongo ? Se demander aussi si une pétition réussira ce que la rue n’a pas pu ? La réponse est toute simple. Après le non-lieu du 18 juillet 2006 qui a consacré un « enterrement » dudit dossier il y avait un grand besoin d’explorer les pistes qui restent. Le CNP/NZ piloté par l’AJB, la SEP et le SYNATIC a eu l’idée de la pétition. Le Collectif des organisations démocratiques de masse et des partis politiques a adhéré à l’initiative à travers ses premiers responsables qui ont apposé les premiers leur signature. L’honneur est revenu à Maître Halidou Ouédraogo, ancien président du Collectif, de signer le premier cette pétition.

 

La pétition, une autre perche au Président du Faso

Selon le Petit Larousse, la pétition est un « Ecrit adressé par une ou plusieurs personnes à une autorité pour exprimer une opinion, une plainte, présenter une requête ». Au Burkina, la pétition est un droit reconnu aux citoyens par la Constitution en son article 98. Pour les initiateurs de cette pétition, 25 000 signatures «  devraient obliger les autorités à mettre en place une commission spéciale ». Cette pétition devrait être l’affaire des Burkinabè, du « pays réel », de tous les hommes épris de justice. Leurs signatures devraient se compter par millions et envoyées au Palais de Kossyam pour exiger du Président du Faso une réouverture du dossier Norbert Zongo.

Le Président Blaise Compaoré devrait comprendre qu’une autre perche lui est tendue. Ces millions de compatriotes qui signeront la pétition ont d’abord damé le macadam pendant dix ans sans obtenir un dénouement du dossier. Ils lui lancent encore ce vibrant appel : « Après plus de 6 ans d'instruction, le seul inculpé, Marcel Kafando a été relaxé au motif qu'un témoin clé se serait partiellement rétracté dans ses accusations. Face à ce déni de justice, nous voudrions par la présente, marquer notre attachement à ce que justice soit rendue dans le dossier Norbert Zongo. Nous vous exhortons en tant que président du Faso et au nom du serment que vous avez prêté en tant que premier magistrat du Faso, de veiller en collaboration avec les autorités judiciaires, à ce que les auteurs de ce crime odieux soient identifiés, poursuivis et punis conformément à la loi. Nous vous rappelons qu'en vertu des dispositions de l’article 2 du Pacte international relatif aux droits civils et politiques et des articles 3 et 7 de la Charte africaine des droits de l'homme et des peuples, les autorités du Burkina-Faso doivent garantir le respect du droit à la justice et l'indépendance de la justice ».

Avec une pétition pour le dossier Norbert Zongo, les Burkinabè attendent toujours que leur citoyenneté soit prise en compte dans le règlement de ce dossier. Parce qu’ils n’ont jamais été écoutés depuis dix ans. Ils acceptent encore accorder le bénéfice du doute au Président du Faso du rôle qui aurait joué dans cette affaire. Ces Burkinabè en signant cette pétition ne veulent pas entendre dire qu’ils n’ont pas exploré toutes les pistes républicaines.

Après cette pétition si rien n’est fait, aucun argument venant du Président du Faso ou de ses répondants ne pourra enlever de l’esprit de ses concitoyens ce qu’ils pensent déjà des responsabilités des uns et des autres dans cette affaire Norbert zongo.

 

Ce tout le monde a su et sait que

Le crime odieux qui a eu lieu à Sapouy le 13 décembre 1998 est un crime politique. Le journaliste Norbert Zongo a été grillé parce qu’il traitait du dossier David Ouédraogo, nom du chauffeur de François Compaoré, torturé et mort au Conseil de l’Entente en décembre 1997. Norbert Zongo a ébruité cette affaire qui impliquait directement le petit frère du Président du Faso. Norbert Zongo tenait à ce que justice soit rendue à David Ouédraogo. Son crime de lèse-majesté, avoir parlé du petit frère du président qui a fait torturer à mort son chauffeur par les éléments de la garde du Président Compaoré.

Les mêmes éléments de la garde présidentielle sont suspectés d’avoir brûlé Norbert Zongo et ses trois compagnons. Dix ans après il n’y a pas eu de justice dans l’affaire Norbert Zongo malgré toutes ces évidences. Mais pourquoi ? La réponse de la justice est qu’elle n’a pas encore trouvé ceux qui ont commis le crime. Mais pourquoi n’a-t-elle pas trouvé ? C’est une chanson de la chorale du Collectif contre l’impunité qui donne la réponse : « la justice cherche ce qu’elle voit ».

Au total, dix ans le régime du Président Compaoré a géré d’une main de maître l’Affaire et le dossier Norbert Zongo. Il a allié répression, corruption et achat de conscience de politiciens, de religieux et de coutumiers etc. En un mot, il a acheté le silence de tout ce monde. Ces manœuvres ont fini par convaincre plus d’un burkinabè qu’il n’y aura pas de justice dans ce dossier sous le régime de Blaise Compaoré. Non seulement beaucoup de gros bonnets sont mouillés mais aussi la justice recherche des hypothétiques faits nouveaux, des preuves scientifiques etc. Choses qui existent déjà. Elle cherchait ce qu’elle voyait déjà. La justice attend que les assassins du drame de Sapouy se présentent. Elle a même cessé de chercher le 18 juillet 2006 avec le non-lieu. La justice est fatiguée de chercher mais les Burkinabè ne sont toujours pas fatigués de rappeler qu’il y a eu quadruple assassinat le 13 décembre 1998. Ils le feront encore le 13 décembre 2008. Ils le font parce que ce crime est d’une « historicité jamais égalée ». De par sa cruauté. Il a eu lieu sous le régime de Blaise Compaoré. Juste un peu d’histoire. On ne racontera pas l’histoire du Burkina et de ce régime en occultant ces crimes.

 Nabi Youssfou



27/10/2008
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