repères, Il y a des valeurs........

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C D P/Faut-il continuer à rêver d’un parti de Dieu ?

C D P

Faut-il continuer à rêver d’un parti de Dieu ?

 

Le Congrès pour la Démocratie pour le Progrès s’est montré serein lors de sa dernière convention. Son président Roch Marc Christian Kaboré a balayé du revers de la main, toutes supputations sur la mauvaise santé de son parti. Il dit qu’il y a confusion de genre pour ceux qui pensent qu’il y a une rivalité entre le CDP et la FEDAP/BC. Et qu’il n’y avait aucun doute sur leur complémentarité. L’autre élément de crise était la grogne des refondateurs. A la convention, Roch Marc Kaboré a affirmé qu’ils ont adressé une lettre au bureau national pour réitérer leur engagement à travailler dans le parti. Aussitôt, la rencontre terminée qu’un des refondateurs, Réné Emile Kaboré a encore accordé une interview à l’hebdomadaire San Fina. Si leur lettre avait pour intention de « s’amender », leur démarche dans la presse peut paraître incompréhensible. Le débat reste entier au CDP.

 

Les démocrates du Burkina ont beaucoup rêvé d’une réelle démocratie après le sommet de la Baule. C’est pourquoi ils se sont battus pour cela. La réalité est la démocratie voulue par le président Blaise Compaoré et le CDP. Les limites du  règne sans partage d’un seul parti se présentent au grand jour. A défaut d’une démocratie interne, beaucoup de militants s’étouffent et vont chercher ailleurs. On retrouve certains mécontents dans la FEDAP/BC. Malgré la supposée complémentarité entre le CDP et la FEDAP/BC, les centres d’intérêt divergent. Le CDP n’étant pas le géniteur de cette structure, seul François Compaoré sait pourquoi il l’a créée.

 

La FEDAP/BC est-elle un avantage pour la démocratie ?

La bande annonce de la tenue de la convention des 13 et 14 septembre a présenté une image de Roch Marc Christian Kaboré. Un choix normal parce qu’il est le premier responsable du CDP. Le zoom fait sur une image François Compaoré dans la grande masse a attiré notre attention. Le choix de cette l’image ne saurait être fortuit du moment où il n’occupe pas de poste dans le Bureau politique du CDP. Quelle lecture faut-il faire de ces images d’une annonce d’une convention du CDP ? François Compaoré est là, incontournable qu’on le veuille ou non.

La chaîne du plaisir partagé nous a habitués à voir François Compaoré à toutes les occasions pourvu qu’il soit présent à une cérémonie. Cela fait un bout de temps que le petit président communique avec les Burkinabè.

La FEDAP/BC qu’il a voulue et créée s’est implantée sur le territoire national et distribue des vivres aux populations. Elle est représentée dans certaines localités par des personnalités qui ont déjà porté le flambeau du CDP qui, pour une raison ou une autre n’occupent plus des rôles. De ce fait, on donne l’impression que la FEDAP/BC est le refuge des mécontents.

On est d’accord le CDP et la FEDAP/BC travaillent pour le président Blaise Compaoré mais les hommes qui les animent ont chacun besoin d’avoir un instrument politique. On a souvent parlé de tous ces clans qui fulminent au CDP. Chacun a créé sa zone d’influence. Pour la FEDAP/BC, une seule personne en a fait sa chasse gardée, François Compaoré. Il veut en faire son instrument  politique. D’aucuns ont vu en la FEDAP/BC une rampe pour ses ambitions présidentielles futures. Si tel est le cas, c’est parce que son emprise sur le CDP n’est pas très grande. Au dernier congrès en 2006, on pronostiquait sur l’entrée de ses participants dans le bureau à des postes de premier plan, mais « la vieille garde » du parti avait verrouillé les portes. Dans la même logique, il fallait bien que François Compaoré « continue de faire son travail ». Nous avons emprunté cette expression au président Blaise Compaoré. Lors d’une interview en septembre 2007, à la question de savoir si François Compaoré lui avait tenu informer de ses ambitions à le succéder, le président Compaoré avait répondu que son frère connaissait les voies par lesquelles on passe pour accéder à cette responsabilité. François Compaoré était un citoyen. Qu’on le laisse faire son travail. Ainsi donc, il a créé la FEDAP/BC pour faire ce travail. Pour le moment, il travaille pour « le progrès continu avec Blaise Compaoré ». Il est de coutume au CDP, de réclamer la paternité des victoires électorales pour mieux faire valoir sa place non seulement dans le parti, mais auprès du président Compaoré.

François Compaoré n’a pas demandé l’avis du CDP pour créer la FEDAP/BC. Au constat, le CDP étant devenu étouffant pour beaucoup de militants. La FEDAP/BC trouve là sa raison d’être. Même si nous ne marquons notre désaccord pour que cette structure soit une rampe pour une succession dynastique.

 

La perte du CDP n’est pas mauvaise

« Certains prennent leurs rêves pour des réalités», répondait Roch Marc Kaboré aux « détracteurs » de son parti. Il n’y a pas seulement que les opposants qui « rêvent » de voir le CDP en crise. Il n’y a pas que les opposants, les démocrates du Burkina font le même rêve. Pourquoi le font-ils ? Ils ont cru réelle  démocratie. Ils avaient cru à un vrai multipartisme, à un vrai jeu électoral, à la possibilité d’une alternance. Ils ont déchanté depuis 1990. Pendant deux décennies, c’est le monopartisme de fait. Un seul parti qui dirige et écrase tout sur son passage. Un parti gourmand et vorace des élections avec comme objectif le tuk guli. Objectif chaque fois atteint. Le CDP ne veut pas, il a peur de l’alternance.

En 2001, la révision du Code Electoral avait permis aux législatives de 2002 de remettre en cause le tuk guli du CDP (58 députés/111). Avec de tels  résultats, le CDP a vu venir la menace d’une perte du pouvoir, le Code Electoral a été modifié pour renouer avec ses victoires d’antan. Il faut rappeler ces faits parce que le CDP ne s’attend pas à perdre le pouvoir. 

A défaut d’une alternance qui viendrait d’un parti de l’opposition, pourquoi les démocrates ne rêveraient pas que le salut vienne de la déliquescence du CDP ? Ce ne sont pas des rêves pris pour des réalités. C’est un rêve qui est permis.

A la convention, Roch Marc Kaboré a encore parlé d’un parti fort et conquérant pour relever les défis. Quelle conquête va-t-il mener sans adversaires ? N’est-ce pas une lutte contre lui-même ?

Les démocrates ne rêvent plus de voir le CDP comme un « parti de Dieu ». La vie politique au Burkina est organisée de sorte qu’on pense que sans le CDP, il n’y a plus de salut pour les Burkinabè. Les démocrates ne rêvent plus d’un parti à l’image de la ZANU/PF au Zimbabwe, du Parti socialiste sénégalais (40 ans au pouvoir), ni du Parti Démocratique Gabonais (41 ans de pouvoir). Le CDP devrait être conscient que de sa longévité au pouvoir dépendrait l’avenir de la démocratie. Le rêve d’y rester une éternité entraînera le pays au chaos. Evitons cela.

                                                                             Ben Youssouf

 



06/10/2008
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