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Tripatouillage des constitutions/ La paranoïa des présidents mourants

Tripatouillage des constitutions

La paranoïa des présidents mourants

 

La révision des constitutions en Afrique avec comme point d’orgue l’article sur la limitation des mandats est devenue un phénomène de mode. Nous ne savons plus exactement combien de présidents ont modifié leurs constitutions. Nous n’avons pas dit combien de pays ont modifié leurs constitutions. L’exception semble être la non modification de cet article. Ce sont des pays comme le Benin et le Mali qui donnent l’exemple en Afrique de l’Ouest. Sur le continent, nous continuons à nous interroger sur les raisons d’une telle paranoïa des chefs d’Etat pour une présidence à vie.

 

Nous ne connaissons pas exactement le nom du président qui a ouvert le bal, mais nous avons quelques noms de tripatouilleurs : Blaise Compaoré, Ben Ali, Paul Biya, Hosni Moubarak, Lassané Conté, Idriss Déby, Omar Bongo, Bouteflika, Gnassimbé Eyadema, Yoweri Mouseveni, etc. La majorité de ces présidents sont des militaires. Critère qui fait d’eux des personnes qui pensent qu’ils ont pris des risques pour arriver là où ils se trouvent, souvent au prix de coups d’Etat sanglants. Certains sont arrivés au pouvoir dans la même décennie.

 

Pourquoi les présidents modifient les constitutions ?

La dernière modification constitutionnelle qui a fait l’actualité est celle de l’Algérie. En voici les arguments du  chef du gouvernement en présentant le texte du projet à l'ouverture de la session : « La loi amendant la Constitution consacre pleinement le droit souverain du peuple de choisir librement ses dirigeants. Elle vise également à réorganiser, préciser et clarifier les rapports entre les constituants du pouvoir exécutif sans pour autant toucher aux équilibres fondamentaux des pouvoirs et des institutions ».
Les commentateurs ont trouvé dans cette modification une voie libre pour président Bouteflika de briguer un autre mandat en 2009 après deux mandats de cinq ans. Lui-même ne s’est pas encore prononcé sur son éventuelle candidature, mais en pareille circonstance les présidents sont toujours muets jusqu’ à la veille de l’élection où ils manipulent les populations pour que celles-ci réclament leur candidature. Pourquoi ces présidents s’adonnent à de telles manœuvres ?

La réponse semble être toute simple. Ils ne veulent pas quitter le pouvoir qui leur confère vénération et déification. De ce fait, ils veulent que le pouvoir reste éternel. S’ils ne pensent pas qu’ils sont les oints de Dieu.

Une telle conception du pouvoir tranche avec la démocratie, ils auraient voulu être dans les monarchies constitutionnelles.

Si le président Bouteflika se présente en 2009, il rentrera dans le syndicat de chefs d’Etats qui rêvent d’un pouvoir à vie. Bien vrai qu’il a été un artisan du retour de la paix en Algérie. Il est vrai aussi que la manne pétrolière semble bien gérée. Tous ces bons points ne font pas de lui le seul Algérien capable de diriger l’Algérie. Cette observation est aussi valable pour tous les chefs d’Etat qui ont commis la même faute en modifiant les constitutions de leurs pays.

La plupart a instauré la démocratie dans leur pays. On ne s’imaginait pas qu’ils feront de leur démocratie ou du pouvoir une propriété privée. Les constitutions qui ont été écrites sont taillées à leur mesure. Dès qu’ils estiment qu’un article (limitation des mandats) ne leur convient pas, l’Assemblée Nationale, une assemblée croupion n’hésite pas à se réunir. Les assemblées en Afrique sont les caisses de résonance des régimes en place. En Algérie, Cinq-cents parlementaires ont voté en faveur du texte, vingt-et-un contre et huit se sont abstenus. Des députés dont la loi stipule qu’ils sont les représentants du peuple

L’avis du peuple ne compte pas. Non seulement il est analphabète et ignorant, manipulable à souhait, mais en plus il n’est important que pour donner des mandats à des individus qui veulent se faire une place dans la hiérarchie sociale.

 

Le comble

Les présidents qui ont modifié les constitutions de leurs pays ont « heureusement » des ennuis de santé. Il y a qui ne font plus trois mois dans leur pays sans aller en Europe pour des soins. Leur état de santé aurait pu être une raison suffisante pour laisser la place à d’autres. Malheureusement, certains tentent même de dissimuler leurs maladies. Souvent, c’est la presse internationale qui nous informe la présence de nos chefs d’Etat dans des hôpitaux européens. Ils refusent de parler de leur état de santé à leurs concitoyens. Le président Lassané Conté de la Guinée est l’exemple le plus illustratif et un cas d’école. Il a refusé de reconnaître son incapacité à diriger son pays. Comme s’il disait qu’il voulait mourir président que citoyen. Une situation qui a plongé la Guinée dans une longue crise non seulement politique, mais aussi sociale et économique. Un jour ou un mois ne se passe sans qu’il n’y ait manifestation de Guinéens pour réclamer de l’eau, du pain et de la liberté. Les forces de sécurité et de l’ordre qui ont la gâchette légère endeuillent chaque jour des familles. Comme une malédiction, les Guinéens semblent se remettre au bon Dieu qui met du temps à entendre leurs prières.

 

Refuser la fatalité

 

Il n’y a pas de prière qui vaille. Le peuple, les démocrates, la société civile devraient accentuer la résistance dans nos pays. Récemment, le Centre pour la Gouvernance pour la démocratie (CGD) a organisé un séminaire international sur cette préoccupante question des révisions des constitutions. Il faut bien que la réflexion soit suivie d’actions. Vu tout ce qui s’est passé ces dernières années au Burkina, on a l’impression que les problèmes de la Nation qui mobilisent peu les Burkinabè. On a vu comment la candidature du président Compaoré est passée haut la main devant le Conseil Constitutionnel. Ceux qui ont accepté que Blaise Compaoré viole la Constitution étaient plus nombreux que ceux qui l’ont refusé. Rapport de force oblige, il a brigué un mandat de 5 ans. C’était au grand dam des démocrates et autres pseudo-démocrates. Ainsi va le Burkina !

Tant que les Burkinabè ne prendront pas l’exemple sur les Béninois, la Constitution sera chaque fois modifiée à souhait par celui-là même qui a commandé son écriture. Le peuple, s’il y en a un encore n’a fait que la voter le 2 juin 1990. Son rôle se limitait là.

Nabi Youssfou

 



24/11/2008
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