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Salif Diallo en Autriche/ Loin des affaires, de François, du CDP et du Yatenga

Salif Diallo en Autriche

 

Loin des affaires, de François, du CDP et du Yatenga

                                                                                       

Notre confrère Fasozine avait annoncé depuis juillet que l’ancien ministre d’Etat Salif Diallo serait l’ambassadeur du Burkina en Autriche. Cette information a été rendue publique le 3 septembre dernier.

Dans les communications orales du Conseil des ministres tenu ce jour, le Président du Faso annonçait la nomination de Salif Diallo au poste d’ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire à Vienne. Salif Diallo ambassadeur, qui l’aurait cru il y a une année encore? Ainsi donc, il deviendra diplomate et remplacera à ce poste madame Béatrice Damiba, nommée présidente du Conseil Supérieur de la Communication (CSC). Depuis son éviction du gouvernement de Tertius Zongo, il ne semble plus avoir son destin politique en mains. Tous les hommes du régime n’en ont jamais eu d’ailleurs. C’est le président Blaise Compaoré qui bat les cartes et les distribue selon ses intérêts.

 

Le point de chute de Salif Diallo est connu, Vienne, la capitale de l’Autriche. Le Président Blaise Compaoré interrogé par les journalistes sur la question en mars, avait répondu que cela ne les regardait pas. Vienne ce n’est pas Paris, ni Bruxelles, ni New York ou Washington. Ce point de chute s’apparente bien à une chute pour celui que certains appelaient affectueusement vice-président. Ça nous regarde maintenant parce que cette nomination n’est que la suite logique d’évènements antérieurs. Quand une telle nouvelle s’était propagée dans Ouagadougou, d’aucuns se demandaient s’il accepterait un tel poste. Salif Diallo l’a bel et bien accepté. Avait-il vraiment le choix ? Ce poste est-il véritablement à la tête de Salif Diallo ? Que va-t-il faire à Vienne au moment où la situation politique nationale est confuse ?

 

Que va-t-il faire à Vienne ?

 

Le domaine des affaires étrangères est de la prérogative exclusive du Président du Faso. S’il a proposé Salif Diallo à ce poste, il était difficile pour lui de refuser à moins de rentrer en rébellion avec son mentor. Ironie de la politique, Salif Diallo aura comme supérieur hiérarchique le ministre d’Etat, ministre des Affaires étrangères, Alain Yoda. Il y a huit mois, le premier était ministre d’Etat, ministre de l’Agriculture, de l’Hydraulique et des Ressources halieutiques, le second occupait le ministère de la Santé. C’est même le départ de Salif Diallo du gouvernement qui a permis à Alain Yoda de bénéficier du galon de ministre d’Etat.

A Vienne, le diplomate Salif Diallo continuera l’œuvre de ses prédécesseurs Béatrice Damiba, Thomas Sanou, etc. En effet, il aura aussi compétences sur les pays comme la Hongrie, la République tchèque, la Slovaquie, la Slovénie et la Croatie. Vienne abrite des organismes spécialisés de l’Organisation des

Nations Unies telles que l’ONUV, l’AIEA, l’ONUDI, la CTBTO. L’ambassadeur Salif Diallo portera haut la voix du Burkina dans ces institutions et dans ces petites contrées de l’Europe. Quel que soit ce que Vienne représente pour la diplomatie internationale et pour le Burkina, elle ne peut être comparée à Paris, Bruxelles, Washington et New York. C’est en comparaison des poids de ces capitales dans le concert des nations, que d’aucuns pensent que la destination autrichienne était en deçà de la carrure de l’homme. Jusque-là, si nous ne nous trompons pas, aucune personnalité de sa trempe n’était passée par Vienne. Néanmoins, deux anciens ministres y sont passés et sont devenus présidents d’institutions : Thomas Sanou (Conseil Economique et Social) et Béatrice Damiba (CSC).

Pour d’autres, il refuserait ce poste d’ambassadeur parce que l’objectif est de l’éloigner de la scène politique nationale. Ils ont peut-être occulté le fait que personne ne refuse rien au président Blaise Compaoré dans son régime. Surtout pas Salif, le fidèle des fidèles.

 

Quels avantages Salif Diallo gagne à quitter le pays ?

 

Le poste à Vienne lui permet d’être réemployé après seulement six mois de traversée du désert. Un poste d’ambassadeur lui évite les placards de la Présidence s’il devait être nommé Conseiller.

L’un des avantages est que Salif Diallo pourrait bien se reposer après une décennie d’intenses activités qui lui ont souvent donné des fatigues générales. Aussi obtiendra-t-il en Europe les soins les plus appropriés à sa maladie. Autre avantage, étant déjà mis à l’écart de la gestion des affaires en mars 2008, beaucoup de choses lui échapperaient maintenant. Il se met provisoirement ou définitivement à l’écart de la chose politique hors du pays. Nous ne le voyons pas observateur de la scène politique nationale en restant sur place. Par conséquent, cet éloignement lui éviterait des accusations du genre: « il manipule les commerçants et les étudiants pour donner du tournis à Tertius Zongo ».

 

Malgré tout, des inconvénients  

Salif Diallo s’en va pour au moins cinq ans (2O13). S’il n’est pas rappelé en 2010, il ne jouera pas un grand rôle dans la présidentielle de cette année. Pourtant, il fut le directeur de campagne du candidat Blaise Compaoré en 2005. Le Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP) traverse actuellement une crise due à la dissidence d’un courant refondateur et la naissance de la Fédération associative pour le développement et le progrès avec Blaise Compaoré (FEDAP-BC). Salif Diallo, second personnage du parti est envoyé hors du pays. En plus du sort de Salif Diallo, celui du CDP semble aussi scellé. En effet, il ne fera plus partie du bureau national au prochain congrès, lui qui a eu une emprise sur ce parti pendant une décennie. Il perdra sa place de commissaire politique régional du Nord. Par conséquent son emprise dans le Yatenga prendra fin.

L’absence de Salif Diallo de la direction du CDP impliquera forcément un changement d’hommes et de vision parce que c’est le monsieur idéologue. Avec le véritable débat qui est en cours sur la refondation du CDP, nous présageons la récupération de la direction du CDP par la tendance de François Compaoré, c’est-à-dire ceux qui se réclament de la FEDAP-BC. Il y a présentement une confusion monstre dans l’opinion, on ne sait plus qui est CDP ou FEDAP-BC. Si la direction du CDP n’échoit pas à cette tendance, le président Blaise Compaoré et François Compaoré ont décidé de laisser survivre le CDP pour un bout de temps. Ce parti sera sans poids véritable dans la prise de décision mais seulement une simple machine électorale.

Une convention du CDP a lieu les 13 et 14 septembre et donnera le pool de la situation à l’interne.

En somme, Salif Diallo s’en va à un moment où les défis à relever ne se trouvent pas hors des frontières du Burkina. Comme c’est la volonté du président Blaise Compaoré de l’amener à Vienne, il n’est pas à exclure qu’il puisse encore réserver aux Burkinabè une autre surprise les années à venir. Au stade actuel, Salif Diallo hors du pays, est un grand boulevard qu’il offre à François Compaoré de travailler à prendre la relève de son grand frère.

 

Ben Youssouf

 



15/09/2008
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