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Révision constitutionnelle/Les Burkinabè se comporteront-ils en moutons de panurge ?

Révision constitutionnelle

 

Les Burkinabè se comporteront-ils en moutons de panurge ?

 

Le Congrès pour la Démocratie et le Progrès (CDP) a annoncé à la fin de son quatrième congrès ordinaire le 25 juillet dernier une révision constitutionnelle. Contrairement au Niger voisin, le CDP ne voudrait pas attendre la fin du deuxième mandat du président Blaise Compaoré en 2015 pour faire la sale besogne. La Constitution du 2 juin 1991 a déjà fait l’objet de tripatouillages en janvier 1997, en 2000 et en 2001. Lors que nous parlons de révision constitutionnelle sur le continent, nous oublions souvent les cas burkinabè.

Pour cette énième révision, les Burkinabè auront l’occasion de montrer qu’ils n’auront rien à envier au peuple nigérien en matière de défense de leur constitution.

 

 C’est à la faveur des réformes politiques et institutionnelles de 2001 consécutives aux événements malheureux de Sapouy que l’article 37 a été modifié pour réinstaurer la clause limitative de mandats. La durée du mandat est passée du septennat au quinquennat.

 

Depuis l’avènement de la démocratie en 1991, le régime de la IVè République est passé maître dans la violation des textes constitutionnels. Ce qui lui permet de pérenniser son pouvoir où le président est dit « démocratiquement élu » depuis 1991.

La situation au Niger où le président Mamadou Tandja a proposé une nouvelle constitution au vote référendaire le 4 août dernier a été d’un intérêt pour les Burkinabè. Depuis le début du débat au Niger, il nous a été donné de constater les commentaires les plus virulents à l’endroit du régime nigérien. Au Burkina, nous avons toujours donné l’impression de n’avoir pas connu de situation similaire. Et pourtant ? Comment le président Compaoré a-t-il fait pour être au pouvoir depuis 1991 ?

 

En janvier 1997 déjà

L’Assemblée nationale dirigée par Bongnéssan Yé était aux 4/5 composée de députés du CDP (créé il y avait une année pour avoir ce quorum), modifier l’article 37 de la constitution. Le verrou de la limitation à deux septennats a été sauté.

A l’époque, Madame Juliette Bonkoungou justifiait la modification dudit article par leur volonté d’empêcher les médiocres d’accéder à la magistrature suprême. Les tenants du pouvoir savaient pourquoi ils le faisaient. Cependant, cette révision n’a pas créé le tollé au sein de l’opinion burkinabè.

 

Il a fallu le drame de Sapouy

Le journaliste Norbert Zongo a très vite compris que le pouvoir du président Compaoré avait des relents monarchiques. Un mardi ne passait sans qu’il ne revienne sur cette modification constitutionnelle. C’est dans ce contexte de démocratie balbutiante, de liberté de presse contrôlée qu’il a été brûlé le 13 décembre 1998 pour ses écrits. Cet assassinat sera le déclic pour que le peuple burkinabè exige plus de réformes démocratiques à travers le Collectif contre l’impunité appelé « mouvement trop c’est trop ».

En avril 2001, en pleine crise, le régime et ses alliés politiques du moment se sont retrouvés dans une commission pour proposer des réformes politiques et institutionnelles dites consensuelles. L’article 37 issu de cette réforme n’avait pas statué sur sa rétroactivité. En 2005, le président Compaoré a profité de cette ambiguïté voulue par son régime pour se représenter pour la troisième fois à une élection présidentielle.

Il passera en force avec le soutien du Conseil Constitutionnel malgré les recours de ses opposants.

Un passage en force cautionné par la totalité de la classe sociale et politique de notre pays. L’ancien archevêque de Ouagadougou, Monseigneur Jean Marie Compaoré avait déclaré dans le quotidien Sidwaya qu’en dehors de Blaise Compaoré, il ne voyait pas un candidat capable de diriger ce pays. C’était n’est-ce pas une caution ?

Les opposants qui avaient contesté la légalité de sa candidature l’ont même accompagné à l’élection présidentielle du 13 novembre 2005. Seul le candidat Hermann Yaméogo avait refusé de prendre part à ce scrutin.

Le débat sur l’illégalité de la candidature de Blaise Compaoré a été mené, la plupart du temps dans la presse. Le camp du président avait déjà établi le rapport de force en suscitant des marches pour réclamer la candidature de Blaise Compaoré.

 

Nous revoilà avant 2015

 

Si le président Compaoré est candidat en 2010, s’il est réélu, en 2015, il devrait dire Adieu au palais de Kossyam. Ce raisonnement n’est pas une évidence au Burkina. Le parti au pouvoir a annoncé les couleurs d’une révision constitutionnelle. Est-ce une sonde pour voir la réaction des Burkinabè ? Pour le moment, elle est timorée. Seules la société civile comme le Centre pour le Gouvernance et la Démocratie et le Forum des citoyens pour l’alternance ont déjà lancé le débat sur une probable révision constitutionnelle. Des organisations sous régionales telle que le FOSCAO, prétextant la situation au Niger a tiré la sonnette d’alarme lors d’une conférence de presse le 3 juillet dernier.

Depuis l’annonce du CDP, les réactions du politique et de la société civile se font attendre. Pourtant, il est temps d’apporter la preuve que nous tenons à la démocratie et à l’alternance. Il ne suffit pas seulement de traiter le président Tandja de tous les noms d’oiseaux. Nous avons notre « Tandja », même un pire que lui.

Les deux premières fois, nous pouvons nous trouver des excuses. La troisième fois, le peuple burkinabè et les démocrates devraient montrer qu’ils ne sont pas complices du régime Compaoré. Inscrivons au moins une fois le nom de notre cher pays au Panthéon de la démocratie. Ici et maintenant.

Nabi Youssfou



10/08/2009
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