repères, Il y a des valeurs........

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Limitation du nombre de mandats présidentiels/Le CGD tire la sonnette d’alarme avant 2015

 Limitation du nombre de mandats présidentiels

 

Le CGD tire la sonnette d’alarme avant 2015

 

Le 11 juin 2009, le Centre pour la Gouvernance Démocratique (CGD) en collaboration avec l’Institut pour la Gouvernance et le Développement (IGD) organisaient un forum sur le constitutionnalisme africain, le cas du Niger. Les échanges se tenaient dans un contexte politique particulier pour ce pays. Le Président Mamadou Tandja dont le mandat expirera le 22 décembre 2009 a organisé un référendum le 4 août dernier pour l’adoption d’une nouvelle Constitution. Cela lui permet de prolonger son mandat de trois ans. Il a créé un régime politique où il est le seul maître à bord.

Ce forum a connu la présence d’intellectuels, de responsables de la société civile et d’un parti de l’Opposition. Avec les panélistes burkinabè, ils ont démontré l’illégalité des actes du Président Tandja qui ne sont ni plus ni moins qu’un coup d’Etat constitutionnel. La nouvelle Constitution a été promulguée, les législatives ont eu lieu avec le boycott de l’opposition. Le Niger vit une situation politique des plus incertaines. La CEDEAO a commis un médiateur en la personne de l’ancien président nigérian Adulssalami Aboubakar afin de renouer le dialogue entre les acteurs politiques nigériens. Bref !

 

Nous avons fait écho de ce forum en titrant : « Le cas nigérien, çà nous intéresse ! » Parce que non seulement c’est un pays voisin mais aussi la révision constitutionnelle est devenue la gangrène de la démocratie en Afrique. Au Burkina Faso, ce n’est plus qu’une simple supputation avant 2015. Dans les cercles du pouvoir, le ton pour une révision constitutionnelle est donné. La pilule qu’on veut nous faire avaler est la révision globale qui n’épargne aucun article. Pourtant, tout le monde sait que c’est l’article 37 qui est en vue. C’est pourquoi, le CGD a tiré la sonnette d’alarme en conviant toutes les composantes de la vie sociopolitique burkinabè au débat le 19 novembre dernier. Pour la participation, il n’y avait que quelques figures de la société civile et des partis politiques. Pour une question aussi brûlante, la qualité des participants était en deçà.

Le Burkina constitue une particularité dans les débats sur les questions d’intérêt national. Beaucoup de gens se désintéressent ; seule une partie de la presse et certains intellectuels osent aborder certaines questions qui touchent au pouvoir de Blaise Compaoré, le grand nombre les considérant comme des sujets « tabous ».

 

53% de Burkinabè favorables à la limitation

Une enquête du CGD, révèle que 53% des Burkinabè sont favorables à une limitation des mandats présidentiels. Le taux du Burkina reste faible par rapport à la vingtaine de pays où l’enquête a été menée. Nous gardons espoir que cette majorité constituera la masse critique nécessaire pour amener d’autres à refuser l’infamie qui serait de « sauter la clause limitative ». Ceux qui défendent la limitation des mandats ne se disent pas plus démocrates que d’autres, mais ils veulent croire que les Burkinabè ont toujours foi au bon sens. N’oublions pas de rappeler que la dernière modification a une histoire.

 

Evitons la responsabilité collective

Il y a eu une crise consécutive à l’assassinat du journaliste Norbert Zongo. Dès les premières heures de la crise, les Burkinabè ont posé des revendications y relatives à la chancelante démocratie burkinabè à travers des manifestations du Collectif contre l’impunité. Le 21 mai 1999, le Président Blaise Compaoré s’adressant à la Nation dans le sens d’une décrispation avait lancé : «  je pense que je vous ai compris ». A la suite de son discours, il mettait en place un Collège de sages. Ce collège présidé par Monseigneur Titiama Anselme Sanou était chargé de faire le diagnostic de la crise et de faire des propositions pour une sortie de crise. Il avait donc proposé dans le volet « réformes politiques et institutionnelles », la réintroduction de la clause limitative des mandats présidentiels qui avait été sautée en janvier 1997. Ainsi donc, la révision constitutionnelle de 2000 l’a réintroduite. L’échéance 2015 qui consacre la fin d’un second mandat de Blaise Compaoré s’il est réélu en 2010 approche à grands pas. Les limiers de la Constitution ressortent leur lime prétextant que le rapport de force est en leur faveur. A quoi sert un rapport de force qui conduit à un recul démocratique ? Souvent on se trompe d’analyse et d’époque. La preuve : après l’élection présidentielle du 15 novembre 1998 remportée par Blaise Compaoré, le rapport de force était en faveur de son camp. Auréolés de cette victoire, des assassins tarés en analyse politique ont décidé d’assassiner Norbert Zongo. C’était l’erreur fatale du rapport de force. Ils ont plongé ainsi le pays dans la crise. Que ses « petits analystes » qui ne pensent qu’à leurs intérêts personnels remuent encore leurs méninges. Le bon sens voudrait qu’ils respectent la volonté des sages dont l’application de certaines de leurs propositions a permis un apaisement social. Ce sont les mêmes sages qui ont conduit la célébration de la Journée nationale de pardon (JNP) le 30 mars 2001. Nous avons encore souvenance des propos de Mgr Titiama Anselme Sanou, à la cérémonie d’ouverture : «  Nous sommes tous coupables pour ce que nous n’avons pas fait, mal fait, omis de faire ou laissé faire. Responsables, intellectuels, chefs coutumiers, communautés religieuses, qu’avons-nous fait pour être utiles ou nuisibles pour ce pays ? Combien de personnes au pouvoir comme à l’opposition, n’ont pas contribué à tuer, à spolier, à exiler à juger et condamner, à réduire à la misère morale et matérielle d’honnêtes concitoyens et leurs familles dans ce pays ? ».

Nous rappelons ces propos du prélat, parce que tous les acteurs sont toujours vivants à l’exception des deux samos ( Sangoulé Lamizana et Ki-Zerbo ). Parce que nous ne voulons plus de responsabilité collective. Nous voulons aussi faire nôtre cette pensée du confrère Fasozine.com : « Peut-être ne reste-t-il finalement que les suppliques des hommes de foi et d’espoir pour faire éviter un chaos social, non pas seulement au Bénin, où la mésentente politique fait craindre tous les dangers, mais aussi dans notre Afrique où les repères démocratiques sont en chute libre » du mardi 24 novembre 2009 avec le titre éloquent «  Courage, prions pour la démocratie ! ». Nous osons croire qu’il en existe encore cette catégorie d’hommes au Burkina. Il est temps ici et maintenant que chacun se détermine sur la question.

Contrairement à ceux qui pensent que le leadership du Président Compaoré est une valeur ajoutée pour rester au pouvoir, nous pensons qu’il devrait avoir la sagesse nécessaire de comprendre que ses multiples médiations visent à ramener la démocratie dans des pays qui en ont fortement besoin. S’il est lui-même un autocrate et un tripatouilleur de Constitution, ce n’est pas logique. Il devrait nous convaincre qu’il peut faire valoir sa compétence de médiateur s’il n’est plus Président du Faso. Il y a bien une vie après le palais. Ça dépend de ce qu’on a construit avant.

N.Y

 



03/12/2009
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