repères, Il y a des valeurs........

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Révision Constitutionnelle/Le CDP tient mordicus à sa chose

Révision Constitutionnelle

Le CDP tient mordicus à sa chose

La direction politique nationale du Congrès pour la Démocratie et le Progrès (CDP) et ses militants se sont retrouvés pour la présentation de vœux. Au cours de cette rencontre qui n’a pas failli sur son côté festif, les premiers responsables du parti ont annoncé leurs défis pour 2010 : la victoire de leur candidat à l’élection présidentielle, la révision constitutionnelle etc.

Faire de l’élection présidentielle un défi pour un parti n’est certainement pas une surprise. Faire d’une révision constitutionnelle un défi et une phobie, cela mérite une attention particulière de la part de tous les Burkinabè. Parce que depuis leur dernier congrès, les CDPistes clament haut et fort qu’ils feront un « toilettage » de la Constitution qui a déjà 19 ans de vie. Et pourtant elle a été touchée à plusieurs reprises.

L’article 37 encombrant ?

La présentation des vœux était une occasion pour le Secrétaire général, Monsieur Achille Tapsoba de confirmer leur intention : « Notre parti va s’engager dans le débat politique qui concerne certaines dispositions importantes devant être prises dans le sens de la révision de notre Constitution. L’article 37 fait partie de la Constitution. Donc, il sera aussi un objet de discussion pour voir oui ou non, s’il est rationnel de le modifier ». Le problème au CDP est qu’il n’y aura pas de discussions contradictoires sur la rationalité ou non de l’article 37. Si le CDP décide qu’il est irrationnel, cet article sera jugé irrationnel. Le député Mahama Sawadogo, président du groupe parlementaire CDP a déjà planté le décor. Le CDP viendra-t-il après le contredire ? S’il ramait à contre courant de l’avis général du parti, il aurait essuyé les mêmes salves qui ont été décochées contre Salif Diallo.

Pour le moment c’est dans la presse que le débat sur la révision de l’article est animé. Dans notre dernière parution, nous écrivions sur le cas du député Mahama Sawadogo qui se défonce actuellement pour défendre la révision de l’article 37.

Avec la dernière sortie du SG du CDP, nous apprenons que le CDP se pose la question sur la rationalité ou pas de l’article 37. En 2001, la majorité des députés présents à la deuxième législature étaient du CDP. L’actuelle assemblée est composée de la plupart de députés présents en 2001.

Comment peut-on comprendre que lors de la dernière révision ces députés, jouissant de toute leur raison, ont pu écrire un article 37 qu’ils jugent aujourd’hui irrationnel au point de vouloir le réviser à nouveau ? La réponse est très simple. Si l’article 37 actuel est appliqué au Président Blaise Compaoré, il devrait quitter le pouvoir à la fin du mandat 2010-2015 au cas où il remporterait la prochaine élection.

Pour alimenter le débat, les articles qui devraient faire l’objet de révision auraient pu être communiqués aux Burkinabè. Parce que nous avons en mémoire une contribution dans la presse du député Mahama Sawadogo qui mentionnait les points pouvant être touchés par les réformes politiques. S’il n’y a pas un secret autour des articles à toiletter, le CDP devrait être à mesure de donner la liste de ces articles « irrationnels » à rendre « rationnels ». Il n’y a pas longtemps le même député Mahama Sawadogo fustigeait le Centre pour la Gouvernance Démocratique (CGD) de faire une fixation sur l’article 37. Pourtant le CGD a dans sa démarche fait des propositions de révision d’articles qui feront avancer la démocratie au Burkina.  Il y avait par exemple à ce titre la proposition sur la désignation des juges constitutionnels dont la majorité est encore nommée par le Président du Faso.

Il est du devoir du CDP d’orienter les Burkinabè sur les articles « irrationnels » afin qu’ils puissent faire des propositions sur cette révision constitutionnelle.

Personne n’est dupe dans ce pays. La volonté subite du CDP de procéder à une révision constitutionnelle cache sa réelle volonté de toucher à l’article 37.

Rien que pour rester à sa place 

Certains observateurs de la scène politique disent souvent qu’il ne faut jamais occulter la nature du régime dans l’explication de certains actes de ses dignitaires. Ils sont arrivés au pouvoir après le coup d’Etat sanglant du 15 octobre 1987 afin d’instaurer une « renaissance démocratique ». Les Burkinabè en profitent pour le peu grâce à la liberté qu’ils ont arrachée au prix de vies humaines.

Seuls les hommes et les femmes qui sont dans des positions dominantes se sont enrichis. Ils sont presque tous détenteurs de sociétés privées qui postulent aux marchés publics. Ils brassent des millions ou des milliards de francs CFA. De ces positions, ils appartiennent à la « nomenklatura burkinabè » et ne rêvent même pas un jour perdre le moindre privilège. Nous avons appris que quand certains sont admis à la retraite, ils s’enferment pour pleurer.

C’est pourtant grâce au coup d’Etat du capitaine Blaise Compaoré que chacun a eu cette ascension. En principe celui-ci devrait s’en aller au plus tard en 2015 s’il est réélu en fin d’année. C’est dans 5 ans. Ce n’est pas loin. Personne n’est sûre de garder sa place après cette date. Personne ne veut qu’il parte. Il faut faire encore un deal qui arrangera tout ce beau monde. Et chacun restera à sa place : Président à vie, présidents d’institution à vie, députés à vie, ministres à vie, maires à vie, directeurs de sociétés à vie, etc. Le régime est à sa place. Le CDP aura battu le record du parti qui a le plus duré au pouvoir : 20 ans, 30 ans peut-être. Merde à l’alternance ! Le CDP a peur de perdre le pouvoir. Ses membres ont peur de perdre leurs privilèges. C’est pourquoi alors, ils ont imposé leur vision de la démocratie. Et ça marche. Ils ont toujours relevé les défis qui se sont toujours présentés à eux ou qu’ils se sont fixés. La révision de l’article 37 est un nouveau défi même plus important que l’élection présidentielle de 2010 au regard des enjeux.

Le débat sur la révision de l’article 37 n’a pas encore atteint sa vitesse de croisière. Encore faut-il que les Burkinabè s’y intéressent vraiment. Du côté de ce qui est des forces vives au Burkina, ce n’est pas encore la mobilisation.

Nous voudrions partager avec nos lecteurs une partie de la lettre de l’éditeur de notre confrère le Pays du mardi 05 janvier dernier, signée des mains de son directeur de publication Jérémie Boureima Sigué sous le titre : « Bonjour 2010 ! Protège-nous de toute souillure de l’article 37 ».

N.Y

Encadré

Un pays n’est jamais, ni définitivement, à l’abri des périls et ceux-ci sont multiformes, divers et gradués en gravité. Mais le péril le plus dangereux pour notre pays, celui qui cristallisera en 2010 toutes les passions, qui sonnera le réveil des énergies assoupies de Thanatos, sera sans aucun doute la révision annoncée de l’article 37 de notre Constitution.

En dépit de l’adage selon lequel l’art d’un prince consiste à faire faire le mal par les autres, on éprouve quelques difficultés à croire que Blaise Compaoré ait pu inspirer tous ces zélateurs qui, couteau au poing, dansent autour de notre Constitution, prêts à la malmener en son article 37. Quoi qu’il en soit, si c’est le chef de l’Etat qui a instruit ces cavaliers de l’apocalypse de faire sonner le glas pour la limitation des mandats présidentiels, alors, que les dieux, dans leur infinie sagesse, lui fassent entendre les clameurs réprobatrices qui montent déjà des premiers rangs de la foule. Qu’il écoute avec discernement les pulsations du pays sans penser aucunement à la solution du référendum dont on connaît la qualité trompeuse des résultats, du fait de l’indigence matérielle et cognitive des populations.

On peut se permettre de poser des questions sur les motivations et la sincérité des révisionnistes, la qualité de leur loyauté envers le chef de l’Etat. On peut surtout s’interroger sur la densité de l’estime, de l’amitié, de l’amour qu’ils portent à Blaise Compaoré. Certes, les hommes sont insatiables de gloire, mais 22 ans de pouvoir ce n’est pas 22 mois de farniente. C’est bien plus que cela. Le président de tous les Burkinabé doit faire valoir ses droits à la retraite après 2015.

Ceux qui, dans l’ombre ou à découvert, veulent assassiner l’article 37, ne veulent de bien ni au chef de l’Etat, ni au Burkina Faso, encore moins à son peuple. Ils veulent du bien à eux-mêmes. Ils veulent la perpétuation de ce que le système a de mielleux pour eux-mêmes d’abord. Cet acharnement à toujours imaginer Blaise Compaoré au gouvernail, renvoie à l’amour de la fougère pour l’arbre. En effet, la fougère se veut toujours plus florissante, plus abondante, enlassant et enserrant sans cesse l’arbre, sans jamais se préoccuper de son étouffement. Epargnez la berezina à ceux que vous aimez ou croyez aimer. La courtisanerie est l’une des principales tares de l’Afrique d’aujourd’hui, de l’Afrique des palais présidentiels. De cette Afrique pourtant vieille en douleurs et en souffrances, mais jeune en rires et en gaîté et dont l’aspiration constante à aller de l’avant, est épisodiquement contrariée, plombée par les mensonges et l’absence de vision. Les courtisans tournent aussi longtemps qu’ils peuvent autour du prince avec la conviction que le nez ne peut sentir le cerveau pourri. Or, aucun gouvernant éclairé et avisé dans ce monde globalisé ne doit ignorer que l’histoire de l’humanité est un perpétuel mouvement de balancier, oscillant entre le nécessaire et l’inutile. Pas plus qu’il ne doit ignorer que les véritables et seuls héros sont les peuples, non les souverains et les courtisans. Quelle que soit la prégnance de ces derniers sur le gouvernant, il ne doit jamais oublier que là où il n’y a pas de vérité, il n’y a pas de grandeur et que, surtout, il doit marcher le moins longtemps possible vers une sortie glorieuse, dans l’amour de son peuple. Raspoutine incarne à lui seul, toute la mythologie de la courtisanerie. Il a fait plus de mal que de bien au Tsar et à sa cour. Or beaucoup de Raspoutine arpentent les allées des pouvoirs africains.

Il y a toujours quelque chose de menaçant dans l’unanimisme constant et dans le silence permanent. Le gouvernant doit éviter d’être comme ce souverain qui avait fermé les yeux pour ne point voir le mal et qui s’était finalement retrouvé sans défense face à la calamité. Méditons aussi cette pensée du sage qui déclare désabusé : “ vous ne pourrez pas facilement me dégoûter de la guerre. On dit qu’elle anéantit les faibles, mais la paix en fait autant.”

 

 

 



18/01/2010
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