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Quatrième République/L’usure des hommes, l’usure du pouvoir

Quatrième République

L'usure des hommes, l'usure du pouvoir

 

Le feuilleton sur le limogeage du ministre Salif Diallo continue de faire couler beaucoup d'encre et de salive. En effet, les Burkinabè attendent deux choses : La réaction et le point de chute de ce dernier. L'incompréhension est toujours dominante dans l'opinion. Ceux pour qui le ministre Salif Diallo était «le bras droit» du Président Blaise Compaoré, ne comprennent toujours pas pourquoi il a subi le même sort que: Roch Marc Christian Kaboré, Mélégué Maurice Traoré, Kouamé Lougué, Drissa Traoré etc. Ce sont des personnalités qui ont connu des situations pareilles

 

On connaissait la formule: « on te fais et puis il y a rien», «on te débarque de ton poste sans te dire un mot» semble faire son bonhomme de chemin sous la quatrième république. Même le Premier ministre Tertius Zongo a été viré de la sorte quand il était ministre des finances et porte-parole du gouvernement. Nous avons toujours pensé que cette méthode ne s'appliquait qu'à des personnalités qui n'étaient pas très proches du Président Compaoré. Le cas du ministre Salif Diallo reste un cas d'école, confirmant l'adage que ça n'arrive pas qu'aux autres. Ce dernier de par sa notoriété dans le régime avait certainement contribué à la déstabilisation de certains de ses camarades « venus dans le CDP pour des plans de carrière ». Ceux-là se réjouiront en ces termes:« c'est l'arroseur arrosé ».

 

La compassion pour Salif Diallo

D'aucuns pensent que le ministre Diallo a négocié son départ du gouvernement avec le Président Compaoré. Ce dernier lui a même rendu hommage avant de répondre que son point de chute ne regardait pas les journalistes. Départ négocié ou pas la forme que l'on a mis dans ce départ met le ministre Salif Diallo dans le lot des personnalités débarquées de façon vulgaire. Si tout le monde convient que son départ semblait imminent au regard des informations diffusées par des confrères, pourquoi beaucoup semblent avoir de la compassion pour le ministre Salif Diallo ? Cette compassion tient à trois choses :

Premièrement, Salif Diallo est en conflit ouvert avec le petit frère du Président François Compaoré. Une décision qui écarte Salif Diallo du gouvernement paraît aux yeux de bon nombre de Burkinabè comme une prise de position officielle claire et nette du Président Compaoré et de son Premier ministre Tertius Zongo en faveur de François Compaoré. Le constat est que l'opinion a toujours pris position pour le plus faible.

Deuxièmement, tous sont unanimes que le ministre Salif Diallo a beaucoup fait (du bien comme du mal) pour le régime pour être remercié comme un garçon de course.

Troisièmement, les Burkinabè ne doutent pas non plus de son engagement, son ardeur et sa rigueur au travail. Salif Diallo est le ministre le plus vu sur les chantiers du développement. Les Burkinabè se disent que ce n'est surtout pas pour incompétence ou par manque d'initiatives qu'il a été remercié.

Pendant ce temps, ses détracteurs trouvent que le ministre Salif Diallo est frappé par l'usure de sa longue carrière ministérielle. En effet, nous convenons avec eux que rester une dizaine d'années à un poste comme si l'on était irremplaçable frise bien la routine et souvent l'inefficacité. Nous avons essayé de faire le tour de personnalités du régime qui sont à leur poste depuis plus de dix ans : Blaise Compaoré ( 20 ans), François Compaoré (Conseiller économique) , Gilbert Diendéré (Chef d'Etat major particulier), Léon Yougbaré (directeur du protocole normalement à la retraite ), Alain Yoda (ministre depuis 1997), Alphonse Arzouma Ouédraogo (Secrétaire Permanent des Engagements nationaux), Gaspard Ouédraogo (PDG de la BIB), Célestin Tiendrébeogo (DG de la SOFITEX), Simon Compaoré (maire de Ouagadougou, 13 ans), Mamadou Djerma (Grand chancelier) etc. Nous ne commettrons pas l'injure de dire qu'ils sont fatigués à leurs postes. Cependant, si le départ de Salif Diallo devrait sonner le glas de l'inamovibilité, il y a de l'espoir non seulement pour l'alternance mais aussi pour le renouvellement des cadres. Ce qui veut dire que la rupture est faite d'avec l'inamovibilité légendaire à certains postes. A ces postes, la routine a fait son lit. Rien n'avance véritablement mais les responsables restent scotchés à leurs postes par le seul fait que leurs attaches politico familiales sont solides.

 

Méthode de gestion autocratique

En août 2005, L'Indépendant, avait eu un entretien avec l'ancien député Lamine Mahamadi Koanda sur les 22 ans de la Révolution. En effet, il avait résumé l'importance du Président Compaoré en ces termes: « tous ceux qui sont devenus grands aujourd'hui, c'est Blaise qui nous a fait grands. Nous n'étions rien avant l'arrivée du Front populaire». Le régime s'est alors construit autour de la personne du Président Compaoré. C'est lui qui choisit les hommes qui doivent devenir ses proches collaborateurs selon ses intérêts du moment. Il les défait aussi quand il n'y trouve plus son intérêt. Certaines personnes ont souvent été propulsées à des postes de responsabilité à la grande surprise générale dans le seul but de briser les envies d'autres personnes. Elles sont remerciées quelques années après de la même manière.

Ces personnalités qui occupent des postes divers à travers montrent à travers leurs gestes quotidiens montrent qu'ils ne servent que le Président Compaoré qui les a nommées. Le pouvoir personnel s'est ainsi constitué depuis le 15 octobre 1987. Tous ses collaborateurs marchent aux pas comme dans une caserne. De mémoire de Burkinabè, quel que soit ce qu'ils représentent pour lui, la fin est toujours douloureuse. Beaucoup pensent qu'ils ont payé en monnaie de singe. Boubou Hama n'a-t-il pas raison quand il disait que: «C'est le cheval que tu engraisses qui te tue »? Ou encore conviendrons-nous avec Machiavel qui disait: «Si tu travailles à ce que quelqu'un devienne grand, tu cours à ta perte»?

Notons qu'il n'y a pas que des hommes du pouvoir qui ont connu la disgrâce, beaucoup d'opposants qui sont allés à la soupe se sont vus remerciés un beau matin.

Au Burkina bon nombre de personnalités n'ont de poids politique qu'étant leur poste d'hommes d'état. Quand ils ne sont plus à ces postes, ils deviennent des citoyens ordinaires souvent moins efficaces ou utiles à la Nation. Par exemple Bongnéssan Yé et Mélégué Traoré, tous deux anciens présidents de l'Assemblée nationale sont réduits à de simples députés même occupant des responsabilités dans les parlements sous-régionaux ou africains. Depuis qu'ils ont quitté le perchoir de l'Assemblée, ils n'ont plus occupé de poste significatif au Burkina.

La nomination à un poste se fait sur la base de clientélisme politique a fini par créer un manque de cadres compétents pour assumer certains rôles. Bon nombre de ces cadres mis à la retraite politique très tôt. La conséquence est que le Burkina manque aujourd'hui de cadres pour occuper des postes d'ambassadeurs à l'étranger.

Au total, la liste des frustrés, humiliés du régime s'allonge de jour en jour mais jusqu'à présent leur manque de courage n'apporte pas de valeur ajoutée à l'alternance politique. Ils confirment ainsi que sans Blaise Compaoré ils ne sont rien et ne seront rien. Tant pis !

Nabi Youssfou



07/04/2008
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