repères, Il y a des valeurs........

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Article 37

Article 37

Et Mahama Sawadogo défia l’église

Le Burkina bouillonne du débat sur la modification de l’article 37. La semaine dernière, les évêques ont donné leur position. Une position qui soulage beaucoup de Burkinabè qui, depuis un certain temps, ne cachent pas leur opposition à l’éventualité de la modification. Le camp de tripatouilleurs a lancé une fatwa contre les Evêques, si on se réfère aux déclarations de  l’incorrigible Mahama Sawadogo. Il a ainsi franchi le rubicond en contestant la sage,  voire la divine position du prélat.

 

La réaction de l’Eglise suit une logique. En effet, les évêques ont fait un retour dans l’histoire récente du Burkina ces douze dernières années. Elle a été marquée par la crise consécutive au quadruple assassinat de Sapouy. Dans cette crise, l’église, à l’instar des autres communautés religieuses, avait fait des pieds et des mains pour œuvrer au retour de la paix au Burkina. Le Collège de Sages institué par le Président du Faso dans son discours à la Nation le 21 mai 1999 avec cette phrase « je vous ai compris » était dirigé par l’Archevêque de Bobo-Dioulasso, Anselme Titiama Sanou.

En ce qui concerne la célébration de la Journée Nationale de Pardon (JNP) le 30 mars 2001, les organisateurs n’étaient pas certains de sa réussite à 72 heures de sa tenue. Il a fallu l’entrée en jeu des religieux dans son orchestration pour que cette JNP retrouve une certaine sérénité et se tienne dans la solennité. Les religieux y étaient parce qu’ils aimaient ce pays et qu’ils avaient reçu des garanties de la part du régime quant à l’aboutissement des engagements qui seront pris. A cette occasion, le Président du Faso avait dit « Plus jamais ça ! ». Plus jamais les manquements qui nous ont conduits à cette crise. Plus de crimes politiques et économiques. Plus de décision sans dialogue et sans consensus.

Malgré ces engagements, le camp du Collectif contre l’impunité était resté prudent et dubitatif. Il a pensé à du dilatoire, à une grand-messe. Dans le sens dans la crédibilisation des structures de mise en œuvre des engagements pris par le Président du Faso, il a encore fallu que des religieux et coutumiers prennent la tête pour donner plus de confiance aux Burkinabè. Que dire des prières qu’ils ont organisées pour les circonstances.

Un rappel pour montrer combien la contribution des hommes de Dieu a été nécessaire au retour de la paix. Le régime de Blaise Compaoré y a tiré le plus grand profit.

Il a suffi que les Evêques disent leurs inquiétudes quant à une éventuelle modification de la Constitution que des individus du régime crient au scandale. Le premier soldat de la révision de l’article 37, l’honorable député, Mahama Sawadogo a réagi : « au lieu de cette position sage, nos sages ont préféré jouer l’arbitre en lieu et place de l’arbitre légitime qu’est le peuple. Une telle position est susceptible d’engendrer une situation de malaise dans l’église ». On le voit donc. Aujourd’hui, la position  des religieux n’accueille pas l’assentiment de ceux qui couraient hier vers eux pour qu’ils prient les dieux et apaisent les cœurs de leurs adeptes qui voulaient en découdre. Et dire que pour sauver ces mêmes personnes, les religieux ont dû en son temps essuyer les critiques venant de ceux qui pensaient qu’il ne fallait jamais aider ou faire confiance à ce régime. La réaction de Mahama Sawadogo sonne comme un délit d’ingratitude. Comme s’il leur disait de ne s’occuper que de leurs églises. Le député Mahama Sawadogo semble avoir fait une déclaration de trop. Au prélat de tirer les conséquences d’un tel affront.

Une telle réaction pourrait se comprendre, La trop grande familiarité et la complicité qui existaient entre eux se sont transformées en une  parenté à plaisanterie.

Comme le signe d’un temps, la fatwa sur l’église vient confirmer que d’aucuns répètent tous les jours : « le régime Compaoré n’a pas d’amis, il ne changera jamais ». Nous en avons fait notre philosophie.

Dès 2004, la remise en cause du consensus a commencé et depuis lors le régime de Blaise Compaoré a remis tout en cause : Révision du code électoral en 2004 et 2009, Candidature en force du Président Compaoré à l’élection Présidentielle de 2005, enterrement du dossier Norbert Zongo en juillet 2006 etc. Que lui (ce régime) reste t-il à faire?

Depuis 2008 les prémices d’une révision constitutionnelle se faisaient au grand jour. En 2009, les ambitions de la patrimonialisation et de la monarchisation se sont confirmées. Ils iront jusqu’au bout parce qu’ils sont soutenus par « le peuple souverain » qui devrait être consulté sur l’article 37.

 

Que veut Mahama Sawadogo ?

 

A lire toutes les réactions du député Mahama Sawadogo, il y a une chose qui le préoccupe. Son avenir personnel. Il beugle tous les jours parce qu’il ne sait pas de quoi sera fait la fin de cette législature.

Il y a lieu seulement que le député Mahama Sawadogo le sache : « Il y a une vie après l’assemblée. Ça sera dur, peut-être. Mais le titre d’ancien parlementaire existe ». Il peut ne pas défendre des idées saugrenues et avoir un avenir. Qui le connaissait, il y a cinq ans ? A-t-il défendu de telles thèses pour se trouver là ?

Souvent, nous nous demandons comment ce professeur de physique-chimie a pu devenir le fossoyeur des principes démocratiques ?

Dans certains milieux, quand on parle de Mahama Sawadogo, ceux qui l’ont connu dans le mouvement étudiant, disent : « il est comme ça ».

Gageons qu’un jour le Professeur ne dira pas que l’hydrogène et l’oxygène ne donnent pas de l’eau au Burkina. L’énergie qu’il a à revendre lui aurait servi s’il était resté dans un laboratoire de physique, de chimie ou dans une salle de classe. Il a préféré aller chercher un salaire sans impôts à l’Assemblée nationale où il brille de mille feux. Il est le Président du groupe parlementaire du parti au pouvoir.

Il est tellement oisif à ce poste qu’il essaie de s’occuper en faisant ses déclarations dans la presse où il distille ses cours de Constitutionnalisme burkinabè, version CDP. C’est dans cette nouvelle fonction qu’il s’est permis de lancer des boulets de bois verts à la Conférence épiscopale Burkina-Niger.

Il se trompe maintenant d’adversaire. Si cette réaction venait de l’opposition, on pourrait dire que c’est la coutume.

Venant du pouvoir, c’est peut-être la rupture. Sur ce, au moins, le camp de la non-modification devait être fier. Retenons seulement pour l’essentiel que Dieu a choisi son camp.

 

Nabi Youssfou

 

 

 

 



09/03/2010
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