Politique/Le CDP ne contrôle plus le gouvernement
Politique
Le CDP ne contrôle plus le gouvernement
Le Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP) est le parti au pouvoir. Sa représentativité dans l'appareil d'Etat et l'administration lui vaut l'appellation « parti-Etat ». En effet, nous avons toujours pensé que le CDP envoyait ses militants occuper les divers postes de responsabilité de l'Etat. Le parti au pouvoir a tellement exagéré qu'il a caporalisé tous les trois pouvoirs établis par
Dans une démocratie, il est établi que les trois pouvoirs (exécutif, législatif et judiciaire) sont complémentaires pour le bon fonctionnement de l'Etat de droit. Mais chaque pouvoir ayant son indépendance dans l'exercice de sa mission. Au Burkina, les limites entre les trois pouvoirs tiennent à leur nom. Tous se résument au premier patron de l'Exécutif, le président Blaise Compaoré qui est en même temps le président du Conseil Supérieur de la magistrature.
Le CDP ne choisit plus les ministres
Le parti au pouvoir a remporté les législatives de mai 2007. Le Président Compaoré a nommé un Premier ministre en la personne de Tertius Zongo, un simple militant du parti. Des informations confirment que le Président a déjoué tous les pronostics. L'arrivée de Tertius Zongo a surpris beaucoup de bonzes du parti. Il a formé son premier gouvernement dont la majorité des ministres était dans le gouvernement de Yonli mais avec des arrivées de ministres qui ne sont que des simples militants du CDP.
Au dernier remaniement, il y a quatre ministres membres du bureau exécutif national du CDP au gouvernement : Alain Yoda, Clément Sawadogo, Kader Cissé, et Salifou Sawadogo. Le cinquième de l'équipe précédente était Salif Diallo. Ce dernier occupe le poste de Vice-président chargé de l'orientation et des questions politiques. Ce qui veut dire qu'il était le plus gradé du parti au gouvernement. Avec ses quatre autres camarades, on peut estimer que le bureau du CDP était bien représenté d'une part et aussi le parti est bien représenté si d'autre part on s'en tient au fait les autres ministres ne sont que de simples militants. Cependant, si nous faisons la proportion entre ceux qui ont été choisis parce qu'ils sont membres du parti et ceux qui sont ministres parce qu'ils portent la casquette des Amis ou parents de Blaise Compaoré ou des coreligionnaires de Tertius Zongo, le CDP ne domine pas le gouvernement. Le limogeage de Salif Diallo, deuxième personnage du CDP montre que sous le régime Compaoré le CDP n'est une structure qualitative au dessus du gouvernement. Aujourd'hui tout laisse croire que la constitution d'un gouvernement ne relève plus du ressort du parti. Aussi le Président Compaoré est-il le vrai chef du parti. Comment comprendre qu'il s'associe à son premier ministre (qui n'est rien dans le parti) pour chasser celui charger de l'orientation et des questions politiques. Cet acte éminemment politique devrait contraindre Salif Diallo à démissionner de son poste politique.
Le Président Blaise Compaoré montre ici que le gouvernement est plus important que son parti ou Tertius Zongo est plus important que Salif Diallo. Avec un gouvernement rempli de ministres qui sont envoyés par François Compaoré pour ne pas dire la famille présidentielle, nous comprenons aisément que Salif Diallo n'avait pas sa place dans un tel gouvernement.
La rupture entre le parlement et le gouvernement
Le parti politique est le lien ombilical entre un gouvernement et une majorité parlementaire. Aux législatures précédentes, nous avons régulièrement vu les députés du groupe parlementaire CDP prendre vertement la défense du gouvernement face aux observations des députés de l'opposition. Le rôle qu'avait joué jusque-là était d'être une caisse de résonance du gouvernement. Dans cette quatrième législature, les interventions des députés du CDP marquent souvent un territoire entre eux et le gouvernement. Pour renforcer leur rôle dans le contrôle gouvernemental, les dernières journées parlementaires du CDP ont porté sur ce thème. Le groupe parlementaire reconnaît-il maintenant qu'il ne faisait pas assez ? Est-ce que des nouveaux facteurs politiques le contraignent à vouloir jouer leur rôle ?
Lors du passage du Premier ministre à l'Assemblée nationale le 27 mars dernier, nous avons suivi avec attention l'intervention du député Mahama Sawadogo, président du groupe parlementaire CDP qui a demandé au gouvernement de revoir ses options économiques. C'est presque une révolution au parlement. Il y a des années encore, on n'aurait pas imaginé cela. Le député Mahama Sawadogo n'est pas à ses premières interpellations. En effet, quand la polémique sur l'augmentation des taxes et impôts faisait rage, il a demandé au gouvernement d'éclairer l'opinion sur la question.
La semaine dernière, dans la presse comme à son habitude, il faisait des propositions pour améliorer la communication gouvernementale.
Si le député a choisi la presse pour poser certaines questions politiques de fond qui devraient être abordées au sein du parti, il y a une absence de synergie entre le parti et le gouvernement. Ce n'est pas la présence du Premier ministre et de ses ministres à l'Assemblée pour répondre aux questions orales et écrites des députés qui changera la situation. Il devrait avoir un problème organisationnel au CDP.
Si nous poussons la lecture plus loin la santé du parti au pouvoir est à l'image de la santé de son fondateur. Nous avons l'intime conviction que le Président et son frère se démarquent du parti. Avec ce dernier qui créé des structures parallèles et concurrentes au CDP. Dans quel but ? La réponse se trouve dans cette phrase de Gérard Nayaogué : « Là où le politique a échoué, nous voulons apporter des solutions ». Il est l'un des responsables de
Nabi Youssfou
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