repères, Il y a des valeurs........

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Interview du Président du Faso/L’affaire Norbert Zongo a fait trembler le régime !

Interview du Président du Faso

 

L’affaire Norbert Zongo a fait trembler le régime !

 

A l’occasion de la fête de l’Indépendance, le Président du Faso a accordé une interview aux trois grands quotidiens de la place : Sidwaya, L’Observateur Paalga et Le Pays. Les Burkinabè se plaignent que le Président Blaise Compaoré parle rarement. Quand il décide de parler, ses propos sont dignes d’intérêt. Nous nous intéressons à ce qu’il a dit sur le dossier Norbert Zongo et sur la justice.

 

A l’analyse des propos du premier magistrat du pays sur le travail de la justice, nous nous rendons compte qu’il encourage la justice à travailler mal. Parce que toute justice a des limites. Le Burkina n’est pas le seul pays dans cette situation. En occident, c’est la même chose. Toujours décevant quand le Président du Faso prend de mauvais exemples pour justifier ce qui semble être sa responsabilité et son incapacité. Ecoeurant sa complaisance pour justifier tout cela après vingt- un  ans de pouvoir. Cette façon d’apprécier les choses est restée constante dans toutes les questions que le Président du Faso a abordées avec nos confrères. Le maître mot, la banalisation.

 

Il minimise le 13 décembre 1998

 

 A la question s’il arrive de penser à cette date, Blaise Compaoré répond : « C’est vrai que c’est un moment douloureux pour l’ensemble de la nation. Mais nous avons eu, dans ce pays d’autres circonstances qui ont été aussi douloureuses. Il est vrai que pour des cas particuliers, nous sommes d’autant plus malheureux. Avec tout le peuple, nous avons cette soif de la justice, de la lumière qui n’a pas été établie. Mais nous comprenons parfois que les circonstances de passion, d’une certaine appropriation de ce dossier, par des personnes qui ne sont pas habilitées à gérer ces genres de situation, n’ont pas permis d’aller vers des pistes qui auraient pu aider. Nous avons eu l’impression que beaucoup de politisation a été faite sur des questions qui devaient relever surtout de la justice », in Sidwaya n°6319 du mercredi 10 décembre 2008.

Nous convenons avec le Président du Faso qu’il y a eu des cas malheureux dans ce pays. Beaucoup, surtout dans son régime. Nous n’avons pas vu un assassinat pareil comme celui de Norbert Zongo. Un corps réduit à environ 5 kg de chair. Nous n’avons pas aussi en mémoire un assassinat qui a choqué autant de Burkinabè pour qu’ils n’aient plus peur de sortir dire « trop c’est trop ». Nous n’avons pas vu un assassinat dont la publication du rapport d’enquête a mis à feu le pays. Contraignant le Président du Faso lui-même à s’adresser à la nation le 21 mai 1999 avec cette phrase : « j’ai compris votre…. » Nous n’avons pas vu un drame qui a obligé Blaise Compaoré à promettre  le récasernement de son tristement célèbre Conseil de l’Entente et à créer un collège des sages pour faire le diagnostic de la crise née du drame de Sapouy.

Nous n’avons pas vu un assassinat qui l’a contraint à organiser une journée de pardon le 30 mars 2001 pour demander pardon.    

Au total, l’assassinat de Norbert Zongo est un cas malheureux unique qui a failli faire tanguer la IVe République. Nous comprenons aujourd’hui que le Président du Faso tente de minimiser ce crime. Il y a dix ans, il n’a pas tenu ces propos. En 2008, il peut le faire parce que « la politisation » a enterré le dossier.

 

La politisation?  

Le président du Faso parle-t-il de ceux qui réclament jusque-là la justice ou de ceux qui, grâce à cette affaire sont venus monnayer leurs talents de gestionnaire de crise auprès de lui ? L’affaire Norbert Zongo pouvait-elle ne pas être politique ?

Le Président du Faso sait à son âme et conscience qu’il a lui-même politisé l’affaire Norbert Zongo en lui appliquant une thérapie politique et non judiciaire.

Au début de l’affaire, les Burkinabè sont sortis pour réclamer la vérité et la justice pour Norbert Zongo. Les étudiants qui ont été les premiers n’étaient pas d’un bord politique. A la suite si les gens ont choisi de s’organiser pour mieux coordonner la lutte, c’est un sens élevé de la responsabilité. Quelle a été la riposte du Congrès pour la démocratie et le Progrès (CDP) ? Nous avons entendu des arguments du genre : «  c’est une opposition en perte de vitesse, jalouse de la réélection du Président Blaise Compaoré en novembre 1998 qui a récupéré l’affaire Norbert Zongo ». Cet argumentaire sera battu en brèche quelques mois plutard, quand certains opposants sont allés aider le régime pour le sortir de la crise.

Des gouvernements d’ouverture ont été formés pour les contenter. Des commissions ont été mises en place pour les réformes politiques et institutionnelles. C’étaient des solutions politiques à la crise. Bien vrai que les Burkinabè demandaient des réformes, mais leur priorité immédiate était de les personnes qui ont brûlé Norbert Zongo et ses compagnons ?

Quand on parle chaque fois de politisation, ceux qui réclament la justice n’ont pas de mainmise sur la justice. Nous savons tous qui a la possibilité de donner des instructions au parquet.  

 

1o ans ce n’est pas trop pour le Président

 

Le Président du Faso prend l’exemple de la mort de son ami le commandement Sawadogo en 1984 pour justifier la lenteur et les limites de la justice. Il a omis d’ajouter que l’autre ami Sankara tué le 15 octobre 1987 a un dossier qui est aussi resté sans suite. Nous avons tous suivi l’évolution du dossier Thomas Sankara qui constitue l’un des cas d’école d’une justice aux ordres. Tout le monde sait que les dossiers qui n’évoluent pas ont la malchance d’être traités sous le régime où les infractions ont été commises par des personnes qui sont toujours aux affaires. Pour cette règle, le Président du Faso le sait mieux que nous. Si avec tous les services de renseignements dont dispose le Burkina, si jusqu’à présent il ne sait pas qui a fait quoi à Sapouy, cela veut dire que lui-même est en permanente insécurité. Si on peut aller brûler quatre personnes avec un pick-up et des armes de l’armée et disparaître dans la nature, le Président du Faso devrait avoir peur parce que son pays était devenu un western. Mais non, ce sont des actes ponctuels pour éliminer ceux qui sont gênants.

 

Personne n’a cité François Compaoré  

« Je n’ai pas eu l’information selon  laquelle devant les juges quelqu’un aurait donné une information qui implique François dans cette affaire ». Réponse du Président du Faso à la question comment avez-vous vécu les récriminations faites à François Compaoré ?  Nous avons en mémoire le jugement de l’affaire David Ouédraogo en août 2000, où François Compaoré et sa femme ont été entendus en tant que simples témoins. Pourtant David Ouédraogo était bien son chauffeur. Accusé avec deux autres d’avoir volé de l’argent, l’affaire a vite tourné au procès à une affaire de coup d’Etat.

Les frères de David Ouédraogo ont été entretenus « par humanisme » par François Compaoré mais ils ont tout raconté dans la presse et devant le juge. Tout n’a pas suffi pour l’accuser.

Cela n’a pas été une surprise dans un pays où il y a deux supercitoyens. Un qui modifie régulièrement la Constitution pour ne pas quitter le pouvoir. L’autre c’est la justice qui s’arrange pour qu’il ne réponde pas de ses actes.

Dans les pays de démocratie véritable où la justice a plus de moyens, on peut juger le parent d’un président. En France, Jean Christophe Mitterrand a des déboires avec la justice. C’est de cette justice dont nous rêvons ici au Burkina. Même chancelante en Europe, elle est mieux qu’ici. Le Burkina est en apprentissage, n’est-ce pas ?

Nabi Youssfou



15/12/2008
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