repères, Il y a des valeurs........

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Libérations de Nana Thibaut et Kossouka/Abdoulaye Barry dans son sport favori

Libérations de Nana Thibaut et Kossouka

 

Abdoulaye Barry dans son sport favori

 

Le Procureur général Abdoulaye Barry a animé un point de presse au ministère de la Justice le 20 janvier dernier pour donner des éclairages sur les libérations de Nana Thibaut et Salif Kossouka Ouédraogo. En effet, Nana Thibaut a bénéficié d’une grâce présidentielle et libéré le 16 janvier dernier. Salif Kossouka a été élargi le même jour après 11 jours passés à la Maison d’Arrêt de Correction de Ouagadougou (MACO). « Ces libérations méritaient-elles une conférence de presse ? », s’est interrogé un confrère. « Si la conférence de presse ne t’intéressait pas pourquoi es-tu là ? », rétorque le Procureur général.

 

Nous avons compris la question de notre confrère dans le sens où rien d’extraordinaire ne peut encore venir de la justice burkinabè. C’est pourquoi nous nous sommes aussi interrogés sur ce que le Procureur Barry pouvait dire d’exceptionnel sur les décisions de justice dont il a chaque fois la charge de justifier. L’inamovible procureur est le symbole d’une justice de l’immobilisme. Il faut noter que cela fait un bout de temps que le Procureur général n’a pas eu un dossier à justifier devant la presse. C’est peut-être là l’intérêt de la conférence. Nous avons eu du plaisir à le revoir et à écouter ses explications sur les conditions d’une grâce présidentielle, celles d’une remise de peine et de la liberté provisoire. Quant au fond des problèmes, « rien de nouveau à l’Ouest », comme le titre d’un film. Néanmoins, il s’est encore étendu sur des deux libérations.

 

La grâce présidentielle de Thibaut

« Il n’y a rien d’extraordinaire dans la grâce présidentielle de Nana Thibaut » a répondu le Procureur Barry quand les journalistes lui demandaient de justifier le choix porté sur la personne de Nana Thibaut. Ce dernier a demandé une grâce présidentielle en bonne et due forme en date du 8 septembre 2008. Le Président du Faso la lui a accordée eu égards aux éléments d’appréciation fournis par des enquêtes menées dans ce cadre. Le Procureur général a ajouté que le premier magistrat du pays a certainement été sensible aux raisons avancées par Nana Thibaut dans sa demande de grâce. La grâce présidentielle est laissée au seul pouvoir discrétionnaire du Président du Faso. S’agit-il d’un signe d’apaisement ? S’est demandé un confrère.  

A cette question, le Procureur Barry ne voit pas le geste sur cet angle. Il a avancé que l’affaire Thibaut n’a pas soulevé des foules à tel point que le Président Compaoré ait trouvé la nécessité de le libérer. Une telle réponse semble étriquée. Parce qu’il y a des accalmies qui couvent des tensions sociales. A l’heure actuelle, nul ne peut jurer que ce n’est pas le cas. On peut même donner des signes de bonne volonté en temps de paix. Du reste, Nana Thibaut est un responsable de parti politique, donc il était un prisonnier politique. Ce pourquoi le fait qu’il soit allé en prison est explicable et justifiable si l’on situe objectivement les responsabilités de la crise sur la vie chère. Des personnalités seraient même intervenues en faveur de Nana Thibaut. Si le Président Compaoré peut vouloir contenter tout ce monde. C’est tout cela l’apaisement. Nous savons tous qu’un geste du Président n’est jamais gratuit.

Tous les détenus dans le cadre des manifestations contre la vie chère sont libérés parce qu’ils avaient bénéficié de remises de peine (2 mois) qui leur permettaient de purger leur peine de 12 mois après 10 mois d’incarcération.

 

L’Affaire Salif Kossouka  

 

C’est une tentative d’assassinat du représentant de British American Tobacco (BAT) au Burkina qui a fini par porter le nom de l’homme d’affaires Salif Ouédraogo Kossouka. Il est accusé de complicité dans ladite affaire. Dès le début de l’instruction en octobre 2008, quatre personnes étaient incarcérées à la MACO : Issouf Ouédraogo, Ferdinand Bamogo dit Carlos, Adama Zéno, Sié Kouané Kambiré, Alexandre Traoré. C’est l’homme d’affaires qui manquait à l’appel. Le 5 janvier dernier, Salif Ouédraogo est entendu par le juge d’instruction. Après l’interrogatoire, il a été placé sous mandat de dépôt et conduit à la MACO. Le 16 janvier dernier, ce dernier et les quatre autres prévenus ont bénéficié d’une liberté provisoire. Surprise ! C’est cette décision que le Procureur Barry s’est évertué à nous faire comprendre. Les journalistes ont semblé être surpris par le bref temps d’incarcération de Salif Kossouka (11jours). Le Procureur Barry a répondu que la juge avait estimé qu’au stade actuel de l’instruction, leur détention n’était pas nécessaire au regard  de plusieurs éléments en sa possession. Elle aurait agi en toute liberté. Pour renforcer son argumentaire, le Procureur Barry a donné l’exemple d’un autre détenu qui a bénéficié de la même faveur après 8 jours de détention. Selon lui: « la prison est une exception, la liberté est la règle». La liberté provisoire n’est pas aussi tributaire de la gravité des charges.

Le grand bruit qu’a suscité l’affaire Kossouka et la tournure qu’elle vient de prendre renforcent notre scepticisme quant à l’issue judiciaire. Pourquoi la juge a-t-elle trouvé opportun d’incarcérer Kossouka le 5 janvier ? Pourquoi a-t-elle fait une main levée sur le mandat de dépôt en accordant la liberté provisoire à Kossouka ? Le Procureur général a répondu à toutes ces questions sans pouvoir lever nos doutes. A-t-on arrêté Kossouka pour contenter BAT et l’opinion ? Parce qu’il y a un antécédent, le cas du Directeur Général de la Douane qui a fait la Une des journaux. Si l’on suppose que Kossouka aurait pu bénéficier de la même faveur. On aurait eu deux cas d’impunité en quelques mois d’intervalle. Cela pouvait être de trop. La justice a peut être décidé de donner un signal fort pour contenter l’opinion nationale et internationale. Le Procureur Barry a réfuté ces arguments.

Des revirements de situation, la justice burkinabè en est passée maîtresse. Les exemples sont légion. Nous avons été surpris qu’elle ait montré qu’un homme d’affaires de la trempe de Kossouka pouvait faire un tour à la MACO.

 

Le cas Naon Babou     

 

La grâce présidentielle de Nana Thibaut a permis aux journalistes de demander au Procureur Barry pourquoi Naon n’en bénéficiait. Il dit être mal placé pour répondre à cette question parce que ce dossier relève de la justice militaire et il n’est plus Commissaire du gouvernement. Le Procureur Barry ne sait pas si Naon Babou avait introduit une demande de grâce ou pas. Il a ajouté que si l’intéressé l’avait fait et n’a pas obtenu satisfaction, il pouvait toujours réintroduire une autre. Le Procureur Barry sait mieux que nous la délicatesse du cas Naon Babou.

Selon des informations, Naon Babou a fait toutes les demandes pour être libre: grâce présidentielle, liberté conditionnelle, semi-liberté, etc. Aucune ne lui a été accordée. Il avait même renoncé à son pourvoi en cassation pour bénéficier de la grâce présidentielle. De tous les condamnés du supposé coup d’Etat, il est le seul qui croupit toujours  en prison. En octobre 2009, il aura fait 6 ans de détention. La fin de sa peine. 

                                                                                        Nabi Youssfou      



26/01/2009
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