repères, Il y a des valeurs........

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Révision constitutionnelle:

Révision constitutionnelle

 

Cacher le bilan piteux du Président du Faso

 

Le débat sur la modification de l’article 37 sera sans conteste le débat de l’année et des années à venir. Tout le monde peut prendre la mesure d’une telle modification pour la démocratie au Burkina Faso.

Bon nombre de Burkinabè se demandent pourquoi le CDP a lancé très tôt le pavé dans la mare ? Est-ce pour se relancer après la crise interne ? Est-ce pour détourner les esprits sur le bilan mince du quinquennat du Président du Faso ?

 

Le Congrès pour la Démocratie et le Progrès (CDP) a fêté le 5 février dernier son quatorzième anniversaire. C’est le parti au pouvoir, la machine électorale du régime. Ces deux dernières années, le parti a traversé des crises internes. La naissance de la Fédération associative pour le Développement et le Progrès avec Blaise Compaoré (FEDAP/BC) ne lui a pas facilité la tâche. La tempête est peut-être passée. Parce que le CDP a intérêt à faire chorus pour soutenir leur éternel candidat Blaise Compaoré. Le parti va plus loin. Il conduira la révision constitutionnelle aux contours flous.

 

 

Le régime n’a jamais caché ses intentions

Certains hommes politiques aiment faire observer que depuis le 6 janvier 1966, l’armée a pris le pouvoir et ne l’a jamais quitté. Le Président Blaise Compaoré a fêté ses 59 ans le 3 février dernier. Toujours jeune n’est-ce pas ? Il a lui-même dit dans le film : « 80. 30 à hauteur d’homme », qu’il ne pensait pas encore à l’usure du pouvoir. C’était en 2005. Avec tout ce qui se trame, son avis n’a certainement pas changé.

La création du Congrès pour la Démocratie et le Progrès (CDP) le 05 février 1996 devait permettre d’obtenir les 4/5 de députés exigés pour pouvoir modifier l’article 37 en février 1997.

Reconnaissons que le Président Compaoré est parvenu à calmer la crise née du drame de Sapouy. Le régime s’est battu becs et ongles, avec toutes les stratégies et manœuvres possibles pour préserver son pouvoir.

A partir de 2003, il a utilisé la crise ivoirienne pour redorer son blason à l’intérieur au nom de la protection des Burkinabè vivant en Côte d’Ivoire.

Nous avons encore en mémoire cette haie que les Burkinabè ont constituée pour accompagner le Président Blaise Compaoré le 23 janvier 2003 pour son départ à Marcoussis (France). L’élection présidentielle du 13 novembre 2005 n’était pas gagnée pour le probable candidat Blaise Compaoré. Parce que des spécialistes du droit constitutionnel avaient démontré qu’après ses deux septennats, il ne pouvait plus prétendre à un autre mandat. Les stratèges du régime ont lancé leurs troupes pour réclamer la candidature de Blaise Compaoré à la présidentielle de 2005. Le rapport de force fut installé.

Le Président Blaise Compaoré avait initié des concertations avec toutes les composantes de la société burkinabè comme s’il leur demandait leur quitus pour continuer le bail.

Aucun acteur ne doutait de sa candidature pour l’élection. Le Président Blaise Compaoré se fait construire un palais présidentiel appelé « palais de Kossyam » qui tranche avec le sous développement du Burkina Faso. Tous ceux qui ont déjà visité ce lieu sont épatés et ajoutent que le Président Blaise Compaoré ne quittera pas le pouvoir. Pourtant au regard de la Constitution actuelle, il lui reste un seul mandat de 5 ans, s’il remportait l’élection présidentielle qui a lieu en novembre 2010.

En temps normal, à quelques mois d’une présidentielle, le débat devait être focalisé sur le bilan du programme pour lequel le Président Compaoré a été élu : « Progrès continu pour une société d’espérance ». Le candidat Compaoré avait promis trop de barrages, de routes, de plaines aménagées, de collèges, des dispensaires etc. Beaucoup de milliards devraient être débloqués à tel point que les plus sceptiques se demandaient où cet argent sera trouvé.

Il n’y a pas longtemps, une coordination d’associations de la société civile de la Boucle du Mouhoun à travers une déclaration dans la presse avait constaté que le Président Compaoré n’avait pas tenu ses promesses dans cette région du Burkina. D’autres régions ne sont pas en reste. Apparemment le bilan sera mince. A entendre ceux qui veulent modifier l’article 37, ils mettent en avant le bilan du Président Compaoré dans les différentes médiations. Incontestablement, il a un bilan positif à donner mais ce n’est pas pour cela qu’il a été élu.

Sur le plan national, pour le moment on ne voit que trois échangeurs à Ouagadougou. Pour les quelques dix mois qui restent, le gouvernement sera à pas de courses pour multiplier les inaugurations. En attestent le port sec de Bobo-Dioulasso et le Centre Hospitalier Régional de Banfora, etc. Tout cela sera mince.

C’est peut-être pour détourner les esprits sur un tel bilan national, que le Congrès pour la Démocratie et le Progrès a lancé un débat sur la révision constitutionnelle. Le débat prend de l’ampleur et submerge les autres questions nationales dont l’élection présidentielle où le bilan des réalisations du Président Compaoré doit être fait.

C’est en 2015 que le Président Compaoré devrait quitter s’il obtenait le bail de 2010. On pourrait penser que c’est tôt pour mener sur une éventuelle modification de l’article 37. Cela permet au régime de prendre le pool sur la question. Le parti au pouvoir a toujours engagé les débats très tôt dans le but d’épuiser les autres protagonistes. Il n’est pas exclu de voir d’ici là des gens marcher pour réclamer la modification de l’article 37. La masse comptera pour beaucoup. La voie référendaire est aussi envisageable. Rien ne sera aussi simple. Les intellectuels du parti cogitent fort pour trouver la formule. Ils ont toujours trouvé des raccourcis pour notre démocratie. Lors des consultations nationales pour préparer le 7 ème forum africain sur la gouvernance en Afrique tenu en fin octobre 2007, l’actuel Directeur Général de l’ENAREF avait proposé dans la présentation d’un thème des mandats électifs à l’horizon d’une génération du fait des coûts élevés des élections. Le Burkina souffre de pareilles idées invraisemblables pour asseoir la dictature. Il faudra bien qu’un jour, tout cela s’arrête.

 

Nabi Youssfou

 



11/02/2010
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