repères, Il y a des valeurs........

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DOSSIER NORBERT ZONGO/Tertius Zongo est toujours de mauvaise foi

DOSSIER NORBERT ZONGO

Tertius Zongo est toujours de mauvaise foi

Nous sommes à dix jours de la commémoration de l’assassinat de Norbert Zongo et de ses trois compagnons. L’élément majeur de cette année est la signature d’une pétition sur la réouverture du dossier Norbert Zongo. Si l’on parle de réouverture du dossier, c’est qu’il est bloqué quelque part. Le non-lieu du 18 juillet 2006 nous autorise cette « excitation » pour emprunter le terme au Premier ministre Tertius Zongo. Ce dernier a été interviewé par notre confrère Christophe Boisbouvier de Radio France Internationale.

En ces temps qui courent, où les autorités parlent rarement du dossier Norbert Zongo, les propos du Premier ministre Tertius Zongo peuvent avoir un intérêt certain à quelques jours de ce dixième anniversaire. Le Premier ministre n’est pas un nouvel acteur dans l’affaire Norbert Zongo. Au moment des faits, il était ministre de l’Economie et des Finances, porte-parole du gouvernement. Il est alors un dignitaire de ce régime, il en a sait plus que nous sur cette affaire. Nous avons pu mesurer sa bonne ou mauvaise foi en son temps lorsqu’il tentait d’expliquer aux Burkinabè ce qui était arrivé à Sapouy le 13 décembre 1998.

Tertius Zongo ne dit rien de nouveau

Il y a juste dix ans qu’a été assassiné notre confrère, le journaliste Norbert ZONGO, le dossier a été classé, mais aujourd’hui une pétition circule à Ouagadougou en faveur de la réouverture de l’enquête. Qu’est-ce-que vous pouvez faire ? Telle est la question de Boisbouvier. Tertius Zongo répond : « Je crois que ceux qui disent que le dossier a été classé ne sont pas de bonne foi. On n’a jamais classé le dossier. Je crois que la décision de justice disait qu’au stade actuel des faits, des témoignages, rien ne permet d’aller plus loin. Mais, s’il y avait des gens qui venaient avec des faits nouveaux, qui justifient que la justice se remette en route, la justice se remettra en route. Donc je ne vois pas pourquoi tant d’excitation autour ! Si quelqu’un a des faits nouveaux, qu’il les amène ; mais ce n’est pas en écrivant dans les journaux ou en faisant des déclarations fracassantes qu’on dit qu’il y a des faits nouveaux. Les faits nouveaux, on les porte à la connaissance du juge ! » Le Premier ministre commente une décision de justice mieux que les deux procureurs Adama Sagnon et Abdoulaye Barry. Il s’insurge contre tous ceux qui disent que le dossier Norbert Zongo a été classé. Aussi ajoute-t-il que les faits nouveaux ce ne sont pas des écrits ou des déclarations fracassantes dans la presse. Nous remarquons qu’il y a une constance dans sa compréhension du dossier Norbert Zongo.

Il faut revenir aux premiers moments de la crise où Tertius Zongo en tant que porte-parole du gouvernement, n’hésitait pas à mettre son doigt au feu pour rassurer les Burkinabè de sa bonne foi à tout mettre en œuvre pour que le dossier Zongo connaisse un dénouement. Il professait que les Burkinabè devraient faire confiance à la justice de leur pays.

La bonne foi constatée en ce temps, fut l’acceptation d’une commission d’enquête et la mise à disposition de moyens financiers pour le juge Wenceslass Ilboudo. Tout cela a été fait grâce à la pression de la rue.

La bonne volonté s’est arrêtée là. Les grandes manœuvres pour qu’il n’y ait pas la vérité et la justice sur le drame de Sapouy ont pris le dessus sur tout. Dix ans après, on est tenté de retourner la question au Premier ministre Tertius Zongo, qui est ou a été vraiment de mauvaise foi. Est-ce ceux qui ont promis la lumière et l’ont empêchée de se manifester par leur volonté ou ceux qui réclament cette lumière ?

Nous constatons qu’il y a aussi une constance dans les attitudes de ceux qui ont toujours réclamé la vérité et la justice pour Norbert Zongo. D’ailleurs, ils n’avaient jamais cru à la volonté du régime de Blaise Compaoré de faire justice. Aujourd’hui, ce sont eux qui ont eu raison. Parce que Tertius Zongo mettrait sa main au feu, s’ils lui disaient que le dossier ne connaîtrait pas d’issue. Pendant dix ans, sur l’affaire Norbert Zongo, même les responsables religieux, les croyants de tout degré ont caché la vérité à leurs concitoyens au nom de « l’intérêt national » pour ne pas dire au nom de leurs intérêts individuels.

 

Le Premier ministre a diné avec Jean Guion

Lors de la visite du Premier ministre en France, nous l’avons vu en compagnie de Jean Guion, un ami du Burkina. Nous reprenons ici des propos qu’il a tenus sur la mort de Norbert Zongo : « Il y a quelques semaines, Norbert Zongo, journaliste burkinabè, directeur d’un journal d’opposition  « L’Indépendant », mourait dans un accident de voiture à proximité de son ranch situé à une centaine de kilomètres de la capitale burkinabè à la frontière du Ghana. Un véhicule truffé de bidons d’essence et de cartouches de chasse. Toutes les conditions étaient réunies pour une implosion de la voiture. Ce type d’accidents est, hélas très fréquent en Afrique où il faut transporter son carburant et ses cartouches pour la chasse lorsqu’on se rend dans des régions dépourvues de tout. Seulement parmi les victimes il y avait un journaliste, et pas n’importe lequel ! La personnalité de la victime, avec ses parts d’ombres et de lumières, était un élément idéal pour le montage d’une vaste manipulation. C’était un opposant radical au pouvoir, appartenant à un des groupuscules sankaristes. C’était aussi un journaliste…et un homme d’affaires. Ce dernier aspect de sa vie était moins connu, car soigneusement dissimulé par l’intéressé et ses proches.  Ces derniers temps, à défaut de pouvoir s’attaquer au Chef de l’Etat, sa cible préférée était son frère. Norbert Zongo, à travers François Compaoré, visait surtout la belle-mère de ce dernier avec qui il était en conflit économique et personnel depuis longtemps et par ricochet attaquait le Chef de l’Etat ».

 Extraits de la lettre ouverte aux amis et aux ennemis du pays des hommes intègres, écrite par M. Jean Guion, président du Centre International de Solidarité avec le Burkina (CISAB). Pour que Jean Guion écrive cela, il a fallu que des gens au Burkina lui fassent le point sur les événements de Sapouy et lui disent qui était Norbert Zongo. Il a utilisé ces informations pour mener la contre-offensive en Europe sur les informations qui tranchaient avec la thèse de l’accident diffusées sur ce crime crapuleux. C’est cette dernière que le gouvernement de Kadré Désiré Ouédraogo dont Tertius Zongo était membre, avait voulu faire avaler à l’opinion nationale au début. Elle a refusé de l’admettre parce que le véhicule de Zongo qui a pris feu consommait du diesel. Le feu a été apporté par une source extérieure. Ce ne sont pas des faits nouveaux. Même quand ces faits l’étaient, le juge n’avait rien trouvé. Les faits nouveaux qu’attend la justice, c’est l’auto-dénonciation des exécutants et des commanditaires. Elle attendra toujours puisqu’elle a refusé de faire son travail.

Autant les écrits et les déclarations fracassantes ne constituent pas des faits nouveaux pour la justice, autant les propos tenus sur RFI ne convaincront les Burkinabè de la bonne foi des autorités. Cela fait dix ans qu’elles tiennent le même langage. Ce que les Burkinabè pensent de leur responsabilité dans l’affaire Norbert Zongo n’a pas non plus changé. Si le Premier ministre n’a rien à se reprocher, qu’il mette son doigt au feu.

Nabi Youssfou

 



01/12/2008
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