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Dialogue social/Le gouvernement surfe sur la division et la démobilisation

Dialogue social

Le gouvernement surfe sur la division et la démobilisation

 

Les syndicats du Burkina ont observé 48 heures de grève les 8 et 9 avril derniers pour exiger du gouvernement du Premier ministre Tertius Zongo plus de mesures contre la flambée des prix. A quelques jours de la grève, le gouvernement donnait des réponses à la plate-forme des syndicats. Réponses jugées insatisfaisantes par les syndicats. Le point d'achoppement et très important pour ces derniers reste l'augmentation à 25% des salaires et pensions. Sur ce point, en dehors des arguments classiques, le gouvernement au nom de ce qu'il appelle « la solidarité » n'entend pas donner un Kopeck aux syndicats.

 

 

Que dit alors le gouvernement ? Il argue d'abord sur le fait qu'il a déjà consenti assez d'efforts en laissant donner les droits de douane sur les importations de certains produits de première nécessité. Ensuite, le gouvernement soutient qu'une augmentation de salaires alimentera l'inflation déjà incontrôlable. Enfin, il défend que les travailleurs ne constituent pas la majorité de la population. Il ne saurait privilégier des questions corporatistes. Par conséquent, son souci s'inscrit dans la solidarité avec toutes les couches de la population c'est-à-dire la prise en compte des problèmes du grand nombre.

 

La division

Ce dernier argument peut être battu en brèche. En effet, penser que les revendications des syndicats ne profitent qu'à eux seuls n'est pas juste. Depuis des années, les syndicats ont lutté pour la baisse des prix des hydrocarbures. Sont-ils les seuls à aller à la pompe ? Les syndicats viennent d'obtenir du gouvernement le relèvement des premières tranches d'eau et d'électricité à 8 m3 et 75 KWh. Les travailleurs sont-ils les seuls à consommer l'eau et l'électricité ?. On peut encore ajouter le fait que le salarié nourrit plusieurs personnes.

Ces nouveaux arguments du gouvernement frisent la division entre les travailleurs et le reste de la population convainquent peu de personnes. C'est de bonne guerre parce que le gouvernement joue sur la fibre de l'analphabétisme de la majorité des Burkinabè. Il s'est même demandé qu'est-ce qu'il donnerait au reste de la population après l'augmentation des salaires ? La réponse est toute simple, les travailleurs revendiquent parce qu'ils trouvent la nécessité de le faire. Celui qui n'a rien demandé n'a rien. Certaines couches de la population ne trouvent leurs comptes que pendant les échéances électorales. Elles peuvent toujours attendre. C'est ce que les syndicats refusent de faire.

Nous pensons que gouverner voulait dire résoudre les problèmes des citoyens. Quand ils sont posés c'est qu'ils ne sont pas résolus. Ce n'est pas la faute de celui qui les a posés.

 

L'incitation à la casse

Le taux de participation à la grève estimé par les syndicats est de l'ordre de 60 à 80%. Quant au gouvernement le taux serait de 20%. Bizarre ce taux qui est resté constant depuis des années. Dire que la grève des travailleurs n'a pas été suivie n'est pas un problème. Dans le contexte actuel, cela peut donner lieu à des commentaires. En effet, les syndicats sont sortis par la voie légale poser les problèmes les plus évidents du moment. Le gouvernement non seulement traîne les pieds à les écouter mais aussi il surfe sur la démobilisation. Avec le précédent des manifestations de fin février où le gouvernement s'est empressé de prendre des mesures, il semble indiquer la voie aux syndicats pour se faire entendre : celle de la violence. Par conséquent, les responsables syndicaux l'ont compris et ont accusé le gouvernement de faire l'apologie de la violence. Ils ont promis d'intensifier de la lutte si le gouvernement reste sourd. C'est ce qui nous a fait dire que dans une brève précédente que nous pouvons tendre vers l'impasse dans le dialogue social.

Quand les syndicats ont décidé de reprendre la main des manifestations, l'opinion était unanime à reconnaître son opportunité. Mais connaissant le gouvernement, certains citoyens ont dit que les syndicats ne seront pas écoutés. Un ami m'a écrit de New York pour me dire qu'il pense que les syndicats étaient entrain de récupérer la colère des populations comme l'avait fait le Collectif contre l'impunité en 1998. Il ne voyait pas cela d'un bon œil. Si le gouvernement incite à la casse, nous pensons que la Coalition contre la vie chère ne manque pas de « brûleurs de pneus ». L'essentiel c'est de ne pas céder à la provocation. Le gouvernement a peu de marges de manœuvre dans la crise actuelle. Sa force répressive est restée intacte. N'avons-nous pas vu le Colonel Gilbert Diendéré sur le terrain le 15 mars dernier ?

Ben Youssouf

 



16/04/2008
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