repères, Il y a des valeurs........

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Programme 10000 logements sociaux/En 20 ans de règne, le régime pouvait construire 40.000

Programme 10000 logements sociaux

 

En 20 ans de règne, le régime pouvait construire 40.000

 

Le premier ministre Tertius Zongo a lancé officiellement le 24 juillet dernier le programme de 10 000 logements sociaux et économiques au secteur 19 de Ouagadougou. Ces logements seront destinés aux Burkinabè à revenu moyen et étaient prévus dans le programme quinquennal du président Blaise Compaoré. Si l’initiative est saluée par bon nombre d’observateurs, nous restons sceptiques quant à cette sociabilité spontanée du régime dans le secteur de l’habitat. En réalité, en 20 ans de règne, le régime du président Blaise Compaoré n’a pas eu de volonté politique en matière de logement pour les ménages Burkinabè. Après le 15 octobre 1987, les expériences fructueuses de construction des cités ont été abandonnées en faveur d’une politique de l’habitat tournée vers la construction de châteaux par une minorité (Ouaga 2000), l’appropriation de vastes domaines terriens par quelques individus, des lotissements à odeur mercantilistes et cupides etc.

 

La Révolution démocratique et populaire a des symboles qui ne trompent sur la politique de l’habitat qui a consisté à la construction des cités pour loger des Burkinabè. En effet, beaucoup de dignitaires du régime Compaoré ont bénéficié de ces largesses de l’Etat avant d’aller se payer le luxe de construire leurs châteaux dans les quartiers résidentiels et à Ouaga 2000. Contrairement au régime précédent, ce sont leurs villas construites à Ouaga 2000 qui font malheureusement la fierté du régime de Blaise Compaoré. Cette ville futuriste qui a poussée comme un champion au sud de la capitale Ouagadougou marque le contraste entre les nouveaux riches qui y habitent et le pays réel qui est resté dans les quartiers insalubres et les zones non loties. Au regard de ce constat, le programme 10.000 logements qui s’intéresse aux couches à revenu moyen n’est qu’une propagande qui annonce des bilans pompeux à la fin du quinquennat dans 3 ans. On creuse partout à Ouagadougou, échangeurs par ci, rénovation ou construction d’immeubles par là, ce sont les chantiers qui nous prépareront à entériner le pouvoir d’ici là.

 

Les 10000 logements sont-ils réellement sociaux ?

Les conditions pour bénéficier ces logements sont : Avoir un revenu inférieur ou égal à 100.000 FCFA et être domicilié à la Banque de l’Habitat. Le coût de revient d’une ville est estimé à 6.600.000 FCFA. La quotité cessible d’un revenu de 100.000 FCFA est de 33.000 FCFA. Pour avoir une villa avec l’emprunt de 5%, la banque prélèvera 52.711 FCFA par mois en 15 ans et 43.990 FCFA en 20 ans. Ces calculs sont faits sur la base d’un salaire de 100.000 FCFA, il restera à ce salarié entre 47.289 et 56.010 FCFA. Combien de salariés pourront survivre à Ouagadougou avec le reste de ce salaire. Bien vrai qu’ils auront une fierté d’avoir leur chez soi mais cela pourrait le début d’un calvaire pour joindre les deux bouts. Que dire de ceux qui ont moins de 100.000 FCFA. Les cités que nous voyons étaient-elles aux mêmes conditions ? Nous avons souvent rencontré des propriétaires de villa qui partaient verser la somme de 30.000 FCFA au Centre de gestion des cités. Les logements proposés sont-ils réellement sociaux sommes nous tentés de nous demander ? Il y a quelques années, une promotrice privée du logement vendait ses villas entre 6.000.000 et 9.000.000 FCFA. Beaucoup de choses ont changé, il y a plus d’espaces pour donner des parcelles aux demandeurs, les loyers sont exorbitants etc. Est-ce pour autant qu’il faut s’inscrire dans une logique presque commerciale que sociale. En juillet 2006, à la naissance de la Banque de l’Habitat, nous avons tiré la sonnette d’alarme pour que les actions de cette dernière ne soient pas dominées par des privés qui n’ont de soucis que le profit maximum.

L’une des critiques faite au programme est la condition d’être affilié à la Banque de l’Habitat. Faut-il que tout le monde quitte les autres banques pour aller à cette banque ? Pourra -t -à elle seule contenir la demande ?

 

Quand la mauvaise politique de l’habitat rattrape le régime

Le ministre de l’Habitat et de l’Urbanisme, Monsieur Vincent Dabilgou a estimé la demande en logement à 8.000 pour la ville de Ouagadougou et à 6.000 pour Bobo-Dioulasso. Cette demande qui semble justifier la naissance de la Banque de l’Habitat pour tenter d’apporter des solutions. Encore faut-il une banque pour cela? Cependant, les cités se sont construites avec un fonds de l’habitat et la mise en place de structures bien appropriées telles que la Société de construction de gestion immobilière du Burkina (SOCOGIB), le CEGECI pour gérer la question de l’habitat. Mais l’Etat s’est désengagé sur la question et a même privatisé le domaine immobilier qui a permis à la belle-mère d’exercer un monopole quasi-total dans la construction des cités. Par la même occasion, elle bénéficie de vastes domaines pour ses investissements. Dans tous les quatre points cardinaux de la ville de Ouagadougou, elle a des terres à construire. Pendant ce temps, il n’y a plus d’espace dans la commune de Ouagadougou pour donner à tous les demandeurs de parcelles. C’était l’une des conditions pour avoir un chez soi mais avoir une parcelle est devenue aussi une question de moyens car devenue source de spéculation. Les lotissements calamiteux ont été faits dans nos villes et ont régulièrement créé des mécontents parmi les demandeurs insatisfaits. Malgré tout beaucoup de maires et de présidents de commissions d’attributions se sont enrichis dans ces lotissements.

Ce désordre a rendu difficile la gestion des espaces. L’obtention d’une parcelle pour un chez soi relève d’un parcours de combattant et de la patience. Mais n’empêche qu’il y ait des citoyens qui ont aussi plusieurs parcelles parce qu’il n’y avait de fichier qui répertoriait les détenteurs de parcelles.

Au regard de cette pagaille, quelle politique de l’habitat faudra-t-il pour établir l’ordre ? Qu’apporteront le schéma national d’aménagement du territoire et le code de l’urbanisation ? Il n’est jamais tard que jamais mais il y a des excuses qui ne peuvent pas être accordées à un pouvoir qui est aux affaires depuis 20 ans. Etait-il en panne d’initiatives pour ce quinquennat forcé soit fertile en idées qui font penser que le régime Compaoré a pour soucis le bien être des populations. Mais le seul cas du logement, 10.000 logements pour tout le Burkina c’est insignifiant. Si la volonté politique y était, la construction des cités n’allait pas être délaissée. Si on peut construire 10.000 logements en cinq ans, il fallait commencer depuis 1987 et on aurait aujourd’hui 40.000 logements. Sa portée politique et sociale sera plus reconnue par les Burkinabè que Ouaga 2000 où dans certaines villas il n’y a que des salamandres et cafards qui font la fête.

Le Burkina d’en bas a gagné quoi ? La fierté ressentie dans l’admiration des villas des voleurs aux cols blancs?

Nabi Youssfou

 

 

 

 



06/12/2007
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