Négociations Gouvernement-Syndicats/Le gouvernement de Tertuis Zongo s’est enfin décidé
Négociations Gouvernement-Syndicats
Le gouvernement de Tertuis Zongo s’est enfin décidé
Nous annoncions en fin septembre dans une de nos parutions, la tenue pour la fin du même mois des négociations entre le gouvernement et les centrales syndicales du Burkina autour de la plate-forme revendicative de ces dernières. Reportées pour octobre, le gouvernement a enfin annoncé que ces négociations se tiendront les 15 et 16 novembre. Après ce long silence, nous sommes alors tentés de nous poser certaines questions : pourquoi le gouvernement met-il du temps à rencontrer les syndicats ? N’a-t-il rien à leur proposer?
Le gouvernement de l’ancien Premier ministre Paramanga Ernest Yonli s’était spécialisé dans l’insuffisance de dialogue avec les partenaires sociaux. Il ne les rencontrait que si ces derniers installaient un rapport de force dans une crise sociale où l’opinion en demandait un dénouement. La dernière en date a été celle consécutive à l’augmentation des prix des hydrocarbures en pleines négociations en le 4 mai 2006. La méthode du Premier ministre Tertuis Zongo ne semble pas battre en brèche celle de son prédécesseur.
Le gouvernement fuit-il les négociations?
Le Premier ministre Tertuis Zongo, arrivé en juin disait avoir de bonnes intentions dans ses premiers propos et actes. En effet, il a reçu les syndicats lors des consultations qu’il a initiées avec toutes les forces vives de
A la rencontre de fin juillet, les deux partenaires avaient convenu de se retrouver en fin septembre. Le gouvernement avait ensuite demandé un report pour octobre. Octobre est passé, point de rencontres.
On pourrait expliquer le report de septembre par le fait que le gouvernement s’attelait à la rencontre avec son «partenaire à la mode», le secteur privé. Mais qu’en octobre, il n’y ait rien, l’une des hypothèses pourrait être la mobilisation et l’occupation des membres du gouvernement pour fêter les «20 ans de renaissance démocratique». L’engouement autour de ces deux activités était pour elles, les deux priorités de septembre et d’octobre.
Quant aux syndicats, le gouvernement s’est dit qu’ils pouvaient attendre qu’il évacue les priorités. On ne court vers eux que si le mercure est monté d’un cran dans une crise sociale. La tenue des activités citées a permis aux syndicats de se convaincre une fois encore que leurs préoccupations sont relayées au second plan. D’abord, le gouvernement a préféré reporter leur rencontre pour pouvoir tenir celle avec le secteur privé. Pourtant, ladite rencontre qui est institutionnalisée se tenait en juin ou en juillet.
La dernière célébration des 20 ans de pouvoir du président Blaise Compaoré a démontré aux Burkinabè en général et aux syndicats en particulier que l’argent peut être trouvé là où on veut pour faire la fête.
Le gouvernement n’a rien à proposer ?
Le gouvernement peut-il aller aux négociations des 15 et 16 novembre sans apporter des réponses aux questions de l’augmentation de 25% des salaires et des pensions (renvoyée chaque fois à des prochaines négociations), de la libéralisation du secteur pétrolier etc. ? Nous répondons par la négative. Parce qu’il a trop fait attendre les syndicats pour ces négociations. Les questions posées ont trop duré. La patience des syndicats quant aux solutions durables à leurs revendications a aussi des limites. Chacun a fait l’effort depuis septembre 2006 afin que le front social connaissance un apaisement. C’est pourquoi le sacrifice du gouvernement à maintenir les prix des hydrocarbures malgré la hausse du prix du baril est à saluer. Mais il ne rassure pas pour autant. Parce que le Premier ministre annonçait à l’Assemblée Nationale qu’il demanderait un sacrifice à la pompe aux consommateurs. Est-ce qu’il voulait parler d’augmentation ? Si tel est le cas, le point sur les hydrocarbures achoppera les négociations. Avec les syndicats, le slogan est très clair «ne touche pas au prix du pétrole». La détermination contre l’augmentation des prix des hydrocarbures n’a jamais fait défaut. Certes, le baril flambe mais l’Etat ne donne pas un bon exemple dans son train de vie. Récemment, la fête pour les 20 ans de pouvoir de Blaise Compaoré donne peu d’arguments au gouvernement pour convaincre les syndicats qu’il faut serrer les ceintures.
Si c’était une cause ou priorité nationale, on n’aurait pas vu une telle mobilisation sur le plan de l’énergie et des finances. S’il y a l’argent pour vénérer Blaise Compaoré, que le gouvernement remue ses méninges pour continuer à supporter les prix des hydrocarbures.
Les dépenses de prestige conduiraient inexorablement le Burkina vers la situation du Sénégal. Par conséquent, le gouvernement de Tertuis Zongo devrait tirer les leçons de la crise qui secoue le deuxième pays fort de l’UEMOA.
Nabi Youssfou
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