repères, Il y a des valeurs........

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Négociations Gouvernement- Syndicats/Des retrouvailles sur fond de pétrole flambant


Négociations Gouvernement- Syndicats
Des retrouvailles sur fond de pétrole flambant
 

Les négociations gouvernement-syndicats du 28 septembre 2006 avaient abouti à une pause sur le front social. Des acquis avaient été obtenus par rapport aux prix des hydrocarbures et aux arriérés de paiement des avancements. Cependant, les syndicats étaient contraints de débrayer le 18 juillet dernier parce que le gouvernement du nouveau Premier ministre Tertius Zongo avait commis ce que nous avons qualifié de « première gaffe » en augmentant de façon inacceptable les prix des hydrocarbures. Cette augmentation connaîtra une baisse de moitié aux dernières négociations syndicales. Après ce geste, le gouvernement avait renvoyé la question de l'augmentation des salaires et autres au rendez-vous de cette fin du mois.

25% d'augmentation, ce n'est pas la folie

Les travailleurs ont toujours demandé un relèvement de 25% de leurs salaires et leurs pensions à compter de janvier 2001. La question posée au président Blaise Compaoré par les journalistes sur une quelconque augmentation des salaires à 100% n'était pas juste. Par la même occasion, nos confrères ont étalé sur la place publique leur méconnaissance des problèmes des travailleurs. Cela est compréhensible parce qu'étant de grands journalistes, ils ne s'intéressent pas aux manifestations syndicales qui ne seraient pas des événements d'intérêt national. Cependant, pour la préparation de l'interview, ils auraient pu demander à connaître les revendications des travailleurs si leurs soucis étaient de les poser au président Compaoré et obtenir ses appréciations et appréhensions. Mais nos confrères n'ont pas rendu service aux syndicats en vidant leurs revendications de leur contenu. Ce qui a permis au président Compaoré de dire que c'était de la folie de revendiquer 100% d'augmentation de salaires. Il n'est pas non plus excusable par rapport à la question, et la réponse. En effet, il a raté une occasion de montrer aux journalistes qu'ils étaient sous-informés s'il maîtrisait la revendication, soit le Président Compaoré ne connaît pas non plus la revendication des travailleurs. Soit, il profite de la question pour faire croire à l'opinion que les travailleurs demandent trop « la folie » à son gouvernement. Une augmentation de 100% de salaires ne saurait tarder si depuis plus d'une décennie, les 25% ne sont pas accordés. En lieu et place, le gouvernement, sert des augmentations dérisoires de 4 à 8% qui sont vite englouties par la flambée des prix. Il y a une décennie la vie n'était pas aussi chère que maintenant. En conséquence, ce ne serait pas de la folie si les syndicats demandent 100% d'augmentation de salaires. le gouvernement continue à fuir la question, mais les problèmes ne fuient pas et se multiplient chaque jour.

La fausse solution par la privatisation de la SONABHY

La revendication des syndicats est la réduction des taxes sur les produits pétroliers. Elle est fondée sur le fait que l'Etat prélevait plus de 40% de taxes sur un litre d'hydrocarbure importé. Promesse avait été faite de revoir la structure des prix des hydrocarbures. Cependant, le gouvernement est entrain de mettre l'accent sur la privatisation de SONABHY. Est-ce que cela veut dire forcément baisse des prix des hydrocarbures ? Nous avons soutenu la libéralisation du secteur pétrolier dans nos précédents articles. Parce que le cas malien est toujours cité comme un bon exemple. Au Burkina, les privés interviennent depuis belle lurette dans le secteur pétrolier. Par conséquent, l'intervention de nombreux intermédiaires était aussi coûteuse. C'est le consommateur qui paie toujours la facture. Au cours de son interview, le président Compaoré a loué la privatisation de l'ONATEL et a marqué un intérêt particulier pour celle de la SONABHY. En effet, le gouvernement a enfin eu une occasion en or pour brader cette société aussi. Comme au Burkina, ce sont les mêmes actionnaires qui sont partout, la SONABHY leur sera vendue. Les affaires continueront. Ils fixeront les prix comme ils veulent et ils n'auront de compte à rendre à personne. Tant pis pour les consommateurs. A ceux qui se plaindront de la situation, on leur rétorquera que la SONABHY est devenue une société privée. Par conséquent, les propriétaires n'ont pas pour souci de faire du social, mais du profit. D'autres iront jusqu'à mentir que ce sont les syndicats qui ont demandé la privatisation de la SONABHY. C'est pourquoi il faudra que les syndicats expliquent bien à l'opinion leur revendication sur les hydrocarbures. Parce qu'aucune privatisation ne signifie baisse de prix. Nous en voulons pour preuve la disparition de la Caisse générale de péréquation (CGP). L'importation du riz est détenue par quelques opérateurs économiques mais ils se ne font pas la concurrence. Il y a même une entente tacite entre eux pour la fixation des prix. Par conséquent, on est passé du monopole de la CGP aux oligopoles qui s'entendent très bien sur le dos des consommateurs. La libéralisation qui devait permettre un éventail de choix quant au prix et à la qualité des produits n'est pas effective. Autre revendication qui a connu une mise en œuvre est le paiement des arriérés des avancements. Les sommes devaient être débloquées pour couvrir jusqu'aux avancements 2007. En dehors quelques uns qui ont obtenu leurs avancements 2006, tout le reste des travailleurs attend toujours. D'autres ont toujours des difficultés à obtenir les paiements des années antérieures car il ne reste plus rien de l'argent débloqué. Gageons que toutes ces questions seront rappelées au gouvernement pour qu'il tienne pleinement ses promesses.

Nabi Youssfou



03/11/2007
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