repères, Il y a des valeurs........

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Fermeture définitive de l’IDRI/Une option claire pour les analphabètes de la diplomatie

Fermeture définitive de l'IDRI

 

Une option claire pour les analphabètes de la diplomatie

 

L'Institut Diplomatique et des Relations Internationales (IDRI) a trois bonnes années d'existence. En effet, à la fermeture, la troisième promotion était à six mois de cours, la deuxième préparait leurs mémoires de fin de formation. La première promotion sortie était en stage dans les services du ministère des Affaires Etrangères en vue d'une intégration. Toutes ces trois promotions ont vu leurs rêves de diplomate brisés au soir du mercredi 11 avril où le Conseil des ministres a décidé de la fermeture définitive de l'IDRI et de leur reversement à la fonction publique pour emploi. Cette décision est prise dans un contexte où le Syndicat autonome des Affaires Etrangères a organisé une marche le 10 avril dernier pour demander plus de valorisation de la profession de diplomate de formation.

 

La décision de fermer définitivement l'institut dirigé par l'ex- ambassadeur au Canada, Nouhoussine Nacro n'a pas fini de provoquer la désolation et la consternation dans le milieu des futurs diplomates en formation et en stage. Jeudi dernier, nous avons été interpellés par un des leurs qui était presqu'à la fin puisqu'il préparait son mémoire de fin de cycle. Très touché, il me demandait si j'avais eu le compte-rendu du Conseil des ministres de la veille. Il m'informait de la fermeture de l'IDRI, son école. Comme bon nombre de personnes nous ne nous sommes pas empêchés de faire le lien avec la manifestation du syndicat. Mais officiellement cette raison n'a jamais été évoquée, celle non plus mise en avant manque à tout point de vue de la substance. 

 

Youssouf Ouédraogo dans un argumentaire peu convaincant

 

Voilà ce que dit le Conseil des ministres « Le Conseil, au vu du fonctionnement de cet Institut et des niveaux de performances en matière de formation dans le domaine de la Diplomatie et des Relations internationales, constate un décalage entre les résultats produits et les attentes liées aux objectifs initiaux de création de l'IDRI. Ainsi, après délibération, le Conseil des ministres a décidé de la fermeture définitive de cette structure de formation ». Conséquence d'un rapport soutenu et défendu par le ministre d'Etat Youssouf Ouédraogo (un ministre sans conseillers). Nous sommes restés sur notre soif quant à la raison avancée. Comme dans une caserne, le Conseil des ministres n'a pas eu besoin de beaucoup parler. Peut-être que les ministres Fofana et Ouédraogo (en campagne) l'expliqueront davantage au cours d'un point de presse. Dans le cas contraire,  nous ne pouvons que nous interroger sur les tenants et les aboutissants d'une telle décision. Comment le ministre a-t-il observé et mesuré le décalage ? quels sont les éléments d'évaluation des résultats produits et des attentes ? Est- ce que scientifiquement peut-on évaluer l'atteinte des objectifs en trois ans d'existence d'une école ? Si la formation reçue à l'IDRI ne permet pas l'atteinte des objectifs, une injure est faite non seulement au premier responsable de l'IDRI qui a conçu les modules de formation mais aussi aux imminents enseignants qui dispensent les cours dans cet Institut.

Ce qui paraît peut être insuffisant et faible dans l'argumentaire est que les premiers diplomates sortis de l'IDRI sont sur le terrain il y a à peine 6 mois. Le temps et le travail faits sont-ils suffisants pour apprécier les résultats ou le décalage tant évoqués ? A moins d'avoir ajouter dans leur évaluation les autres promotions de diplomates précédemment formées à l'Ecole Nationale d'Administration et de la Magistrature (ENAM). Si tel est le cas, il y a une extrapolation des résultats d'un autre échantillon  sur l'échantillon actuel. Peut-on comprendre qu'une école inadaptée soit en train de construire son siège à coûts de millions  sur la route de Fada? Un investissement pareil ne peut être qu'un gâchis pour l'Etat burkinabè. Si l'on ne trouve d'ici là à quoi l'infrastructure va servir, les travaux vont devoir s'arrêter. Comme les dirigeants de la quatrième république aiment les fermes, il ne serait pas une surprise que l'espace de l'IDRI devienne une ferme.

Parlant d'inadéquation entre la formation et les objectifs, pendant comment combien de temps l'école burkinabè n'a jamais répondu aux besoins du moment, est-ce pour autant qu'on a décidé de fermer les classes. Pendant combien de temps, les écoles supérieures et les universités n'atteignent pas leurs objectifs et ne sont pas fermées ?

Au total, cette décision est inique comme tant d'autres prises les années précédentes. Aussi tous les diplomates formés ces dernières années qui seront-ils marginalisés et brimés. Leur présence au ministère des affaires étrangères s'est faite déjà sentir à travers des actions syndicales.

 

La vraie raison de la dissolution de l'IDRI

 

La nouvelle génération des diplomates formés à l'ENAM et à l'IDRI est venue avec des ambitions bien claires, changer les choses d'où leur slogan « La diplomatie aux diplomates ». En effet, le syndicat s'est fait entendre en menant des activités. La dernière en date a été leur « marche diplomatique » organisée le mardi 10 avril  pour demander aux autorités une valorisation de leur profession. En effet, l'ENAM a déjà formé la majorité des jeunes diplomates qui ne semblent être venus pour user leurs fesses au ministère pendant que des «  analphabètes de la diplomatie », ceux qui ont parachuté dans la diplomatie par le hasard de la politique occupent leur place dans les chancelleries. Il y a par exemple un instituteur à Bamako, un magistrat à Abuja, etc.

Certainement, la naissance d'un syndicat au ministère des Affaires étrangères et les activités déjà menées n'ont certainement pas été du goût du ministre d'Etat Youssouf Ouédraogo parce que tout bon cacique de la quatrième république, n'aime pas la contestation. N'ayant pas pu interdire la création du syndicat au nom de la liberté d'association, il a pris sa revanche sur l'IDRI, le nouveau pourvoyeur de diplomates. Comme une épée de Damoclès, la fermeture de l'IDRI est une injustice aux pensionnaires actuels qui n'étaient pas liés au mouvement.

Autre fait qui montre que cette fermeture est en rapport avec les revendications syndicales est que tous les marcheurs ont été sommés d'écrire des lettres d'explication et d'autres sanctions telle la suspension des missions sont en train d'être envisagées.

L'option est claire, il faut arrêter de grossir les rangs des nouveaux diplomates. En fermant l'IDRI, Youssouf Ouédraogo confirme bien que le choix des analphabètes de la diplomatie au détriment des diplomates de formation relève de son seul pouvoir. Par conséquent, de telles décisions et pressions sur les jeunes gens veulent les contraindre à revoir leurs ambitions à la baisse. Ce à quoi ils ne devraient céder. C'est une succession générationnelle. Qu'il pleuve ou qu'il neige ils seront toujours sollicités pour porter haut la diplomatie burkinabè de demain qui ne sera pas dans les mains des sous-marins. A la seule condition, il faut rester soudé et ne pas se tromper d'objectifs comme leur ministre. Il voulait des diplomates « moutons » et il a eu des diplomates qui marchent. Donc, l'objectif n'est pas atteint.

La réouverture de l'IDRI ne devrait pas être au centre des revendications du syndicat mais devrait poser comme un soutien ferme aux collègues brimés.

                                                                        Nabi Youssfou

 



06/12/2007
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