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Célébration du 11 Décembre/L’exhumation de la fête coûtera 500 millions

Célébration du 11 Décembre

L'exhumation de la fête coûtera 500 millions

 

Le ministre de l'Administration territoriale et de la Décentralisation, Clément P. Sawadogo a animé une conférence de presse le 11 novembre dernier pour faire part à l'opinion de la décision du gouvernement de célébrer le 11 décembre de façon grandiose à compter de cette année. En effet, le gouvernement entend redonner à la fête de l'Indépendance son lustre d'antan. Pourquoi ce regain d'intérêt maintenant ? L'esprit festif récurrent s'accommode-t-il de la situation difficile du pays ? Ce sont autant de questions auxquelles le ministre Sawadogo, président du Comité national d'organisation s'est attelé à donner des réponses.

 

La date du 11 décembre ne représente rien pour la frange jeune de la population burkinabè. Elle est le jour où l'on voit à la Télévision nationale des Burkinabè recevoir des décorations au Palais de la Présidence. Ils défilent après leur sésame par centaines pour saluer le Président Blaise Compaoré. Plus d'une décennie, après son rétablissement comme fête légale au Burkina, elle n'avait jamais été célébrée comme les papys le faisaient. Ce sont eux qui ont connu le 11 décembre. La jeune génération s'est toujours contentée des vieilles images diffusées à la Télévision nationale. Les autorités de la quatrième République n'arrêteront pas  de nous surprendre en cette année 2007.

Après la célébration des «20 ans renaissance démocratique», les révolutionnaires d'hier et démocrates d'aujourd'hui veulent exhumer le 11 décembre dans l'espoir de fédérer les Burkinabè.

 

La faille du 15 octobre sera-t-elle comblée par le 11 décembre ?

 

Le 11 décembre ne se résumait qu'au discours du Président du Faso dans la nuit du 10 décembre et aux décorations. Cette année, le gouvernement veut tourner la page qui laissait voir leur hésitation à assumer ce pan de l'histoire du Burkina. Cependant, le gouvernement est devenu nostalgique à travers le ministre Clément P. Sawadogo : «Autrefois, la commémoration de l'indépendance donnait lieu à des réjouissances et à des mobilisations populaires, tant le 11 décembre était une occasion de ferveur et de liesse. Le Gouvernement a décidé d'œuvrer à ce que la fête nationale retrouve progressivement son lustre d'antan, qu'elle redevienne cet événement historique marquant chaque génération de Burkinabè, et qu'elle éveille en chacun et en tous la fibre patriotique et le sentiment de fierté nationale. Le 11 décembre doit être une fête qui rassemble tous les Burkinabè». Tout est bien dit sur le sens et l'intérêt de cette fête. Nous sommes tentés de nous demander : pourquoi c'est maintenant que les autorités arrivent à ce constat ? La célébration des 20 ans de pouvoir du capitaine Blaise Compaoré a été reconnu comme étant un échec pour le processus de réconciliation nationale. Parce qu'elle a divisé les Burkinabè. La fête n'a pas fait l'unanimité, mais les tenants du pouvoir l'ont célébrée avec faste et arrogance.

Dans une de nos parutions où nous fustigions cette fête, nous nous sommes demandés pourquoi les dates du 5 août et du 11 décembre n'avaient pas eu la même considération que le 15 octobre. Si la commémoration du 11 décembre est une réponse à l'indignation d'une partie des Burkinabè, les autorités ont peut-être compris.

Le gouvernement est à la recherche de ses marques après cette faille créée dans les cœurs des Burkinabè. Si l'exhumation du 11 décembre peut l'aider réparer ce gâchis, tant mieux. Si fait que cette date ne divise personne. Mais cette célébration estimée à 500 millions de FCFA, jugés insuffisants par certains, pourrait encore susciter des grincements de dents, vu la situation difficile du Burkina marquée par les inondations, la vie chère, etc.

Aussi cette célébration grandiose pose-t-elle problème parce qu'elle se tiendra à 48 heures du neuvième anniversaire du quadruple assassinat de Sapouy, le 13 décembre. Le revirement à 180° du gouvernement dans la célébration du 11 décembre pourrait provoquer la polémique. Nous sommes dans un pays où rien n'est fait au hasard. La célébration du 15 octobre 2007 était une illustration parfaite. Qui sait ? Après la volonté d'effacer la  mémoire de Thomas Sankara, c'est peut-être le tour de Norbert Zongo.

 

«Nous pouvons faire la fête dans nos malheurs»

 

Aux questions des journalistes relatives à l'esprit festif et à la somme que la fête va engloutir, le ministre Sawadogo a développé un argumentaire faisant l'apologie de la fête. Nous avons retenu en substance que malgré nos problèmes, nos malheurs, nous pouvons faire la fête. Selon lui, la mort donne lieu à une fête, les funérailles. Ce qui au moins est sûr, nous avons à faire à un gouvernement têtu et personne ne pourra lui enlever sa propension à fêter. C'est aussi un choix politique.

Le contexte actuel du Burkina marqué par des inondations, une situation céréalière difficile dans certaines régions. Le gouvernement tente de minimiser ces facteurs par l'annonce d'un excédent céréalier. Malgré tout, le gouvernement ne peut pas donner l'assurance aux Burkinabè que tout ira bien. Au regard de ces lendemains incertains, si une autre fête de 500 millions vient s'ajouter, c'est une fausse image que le gouvernement donnerait. Personne ne s'opposera à la décision de célébrer le 11 décembre. Après la fête des 20 ans de pouvoir de Blaise Compaoré, le gouvernement aurait pu avoir l'intelligence de commencer cette fête en 2008. Mais le ministre Clément P. Sawadogo a balayé les arguments appelant à la retenue. Au constat, nous semblons nous apitoyer sur le sort d'un gouvernement qui a les moyens de sa politique. Non, c'est plutôt le sort des populations qui manqueront du mil, pourtant il y a de l'argent pour faire la fête. Le ministre nous a tiré les oreilles pour cette façon de voir les choses. Nous pouvons nous tromper souvent dans notre vision critique et dénonciatrice, mais la plupart du temps la réalité se présente en face du gouvernement. Le jour où il dira qu'il n'a pas les moyens, nous lui rappellerons ses devoirs.

 

Nabi Youssfou



19/11/2007
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