repères, Il y a des valeurs........

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Affaire Norbert Zongo/Ces militaires et gendarmes qui ont le sommeil troublé

Affaire Norbert Zongo
Ces militaires et gendarmes qui ont le sommeil troublé


Cette semaine, la presse indépendante a été unanime dans ses publications pour dénoncer les tueries de Piéla à la suite du rapport interne de la Police nationale intercepté par notre confrère Bendré. Ledit rapport révélait que cette affaire a été préméditée et exécutée. Nous souhaitons que tous les confrères restent constants dans cette lutte contre l’impunité. A Sapouy plus qu’à Piéla, il y a eu des assassinats de citoyens bur-kinabè. Tout se passe dans un système où des « supra Burkinabè » se donnent le droit d’ôter la vie à d’autres Burkinabè au nom de l’intolérance et le refus de la différence.

Les gendarmes dans les deux dossiers

« Lorsque j’étais en activité à la gendarmerie, fin 97 (je n’ai pas de précisions de date), François Compaoré m’appelle au bureau et me parle de cas de vol qu’il y a eu chez lui. Je lui ai dit que pour que les services de gendarmerie puissent faire les constations et les procédures, il est bon qu’il m’envoie une lettre-plainte. Chose qu’il a faite le même jour. J’ai alors tout de suite appelé le commandant de brigade qui était à côté dans la caserne (l’adjudant Semdé, Commandant de la brigade de recherche), à qui j’ai remis la lettre-plainte signée de l’épouse de M. François Compaoré. Je l’ai instruit de suivre le dossier afin de lui donner les suites judiciaires qui s’imposent ». Ce sont les propos tenus par Djibril Bassolet, ministre délégué chargé de la sécurité dans L’Indépendant n°340 du 14 mars 2000. Au moment de l’affaire David Ouédraogo, le Colonel Bassolet était le Chef d’Etat major de la gendarmerie nationale. En effet, ce petit passage explique comment la gendarmerie a fait son premier pas dans cette affaire de vol d’argent qui s’est terminée par la mort de David Ouédraogo. Mais la gendarmerie ne serait pas rendu tristement célèbre si le juge Armand Ouédraogo n’avait pas découvert du faux dans le procès-verbal d’interrogatoire de David Ouédraogo à la gendarmerie. Les deux gendarmes chargés de la procédure Semdé et Kontogomdé ont été indexés dans cette affaire. Dans la même interview accordée à l’Indépendant, Djibril Bassolet avait rejeté en bloc l’existence d’un faux « Je peux dire aujourd’hui que le travail des gendarmes a été satisfaisant. Je dis bien satisfaisant ! Je ne crois pas du tout qu’il y ait eu un faux. Un faux pour quoi faire dans la situation que nous traversons ? » Du faux pour masquer la vérité, le juge militaire avait pu constater que la chronologie entre le jour du vol, le dépôt de la plainte et l’interrogatoire des présumés voleurs puait du tripatouillage. S’il y a eu faux, il était difficile pour des gendarmes disciplinés de prendre de telles initiatives sans rendre compte à leur chef. Malheureusement, l’adjudant Semdé est mort mystérieusement avant le procès de David Ouédraogo. Ainsi donc la gendarmerie a fait un sale boulot où elle a même couvert une partie des bavures de la garde présidentielle et de la famille Compaoré qui avait confié ses voleurs à Marcel Kafando et sa machine à torturer. Quant à l’ex-chef d’Etat major Djibril Bassolet, ministre actuel de la sécurité, l’affaire Norbert Zongo a fait de lui « le champion de la répression et le gardien des institutions ». Un autre gendarme s’est tristement illustré dans l’affaire Norbert Zongo. Il s’agit du capitaine Hermann Traoré. Il était l’un des représentants de l’Etat à la Commission d’Enquête Indépendante (CEI). Il s’est même vu confier la sous-commission Sécurité. Il lui est fait trois reproches de sa participation à la CEI : retransmission clandestine des auditions avec son portable, contestations de certains passages du rapport et refus de signature du rapport final. Comme il n’y a rien sans rien dans ce pays, le capitaine (nous ne connaissons pas son grade actuel) a bénéficié d’une promotion après ses loyaux services. Il a même changé de nom et il est devenu Bambara. Est-ce pour mieux masquer les choses ?

Marcel Kafando et sa machine à torture

A la barre du tribunal militaire du 17 au 19 août 2000, Marcel Kafando, Edmond Koama, Ousséni Yaro, Christophe Kombasséré et Marcel Kabré ont répondu des chefs d’inculpation dans l’affaire David Ouédraogo. Le procès a révélé que l’adjudant Marcel Kafando était le chef d’une machine infernale à torturer au Conseil et dans la brousse de Laye. Dans l’affaire Norbert Zongo, il fera partie avec certains co-tortionnaires tels Edmond Koama, Ousséni Yaro, Christophe Kombasséré de ceux qui ont été désignés par la CEI comme des suspects sérieux. Sur cette liste de six, ils ont été rejoints par Wampassba Nacoulma et Banagoulo Yaro. Mais finalement c’est Marcel Kafando seul qui avait été inculpé pendant cinq ans dans le dossier Norbert Zongo. Mais, il sera sauvé par son ami et l’ex-militaire Racine Yaméogo. Au nom de la fraternité militaire et de l’amitié qui a permis au juge Wenceslas Ilboudo de faire d’une pierre deux coups dans le dossier Norbert Zongo : libérer Marcel Kafando et enterrer le dossier Zongo. Pour ce coup de poker, Racine Yaméogo a été embauché dans une agence de téléphonie mobile, confirmant ainsi que l’emploi reste la récompense de la compromission de la part des « gérants des dossiers pendants ». Ainsi donc, les militaires ont été aussi épargnés dans le dossier Zongo. Pourtant les preuves scientifiques ont montré que ce sont des professionnels de la torture et de la mort qui ont cramé les quatre corps à Sapouy le soir du 13 décembre 1998. Epargnés ou pas, ceux qui l’ont fait se connaissent et ont cette responsabilité éternelle sur leur conscience. Leur vie ne saurait être agréable avec la rançon qu’ils ont eue. Le constat est que les sommes versées à certains compromis n’ont jamais excédées 100.000 FCFA. Même si c’était des millions, avoir le sommeil et la conscience troublés depuis la mort de David jusqu’à nos jours est une véritable prison. Pire que Guantanamo. Quand ils rencontrent leurs geôliers, c’est-à-dire les commanditaires, la peur s’empare d’eux. C’est la véritable prison.

Nabi Youssfou



20/11/2007
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