repères, Il y a des valeurs........

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Vie chère /Les syndicats montent au créneau

Vie chère

Les syndicats montent au créneau

 

Dans une déclaration parue dans la presse, les centrales syndicales et les syndicats autonomes invitent les Burkinabè à des marches meetings le samedi 15 mars à travers tout le pays. Aussi, appellent-ils les différentes structures associatives qui ont les mêmes objectifs à les rejoindre pour la création d'un front de lutte contre les maux qui minent actuellement l'existence des Burkinabè : la vie chère, la corruption, la fraude, l'impunité, les violations des libertés etc. Cependant, cette reprise des manifestations syndicales permettra-t-elle de mesurer l'adhésion des Burkinabè mécontents qui accusent les syndicats de n'avoir rien fait d'une part et la bonne volonté du gouvernement dans la recherche des solutions avec les syndicats de l'autre?

 

 

Après l'explosion sociale marquée par des manifestations violentes, d'aucuns estiment que le retour des syndicats permet d'apporter plus d'organisation et civilité à la contestation sociale. Cependant, leur descente dans l'arène sociale essuie déjà des critiques. En effet, les syndicats sont accusés de prétexter la vie chère pour appeler à manifester. Pourtant, la vie chère est une réalité. Elle n'est plutôt pas une question étrangère aux syndicats. En effet, ils l'ont toujours dénoncée et ont interpellé plusieurs fois le gouvernement. Nous nous souvenons que les syndicats essuyaient les mêmes critiques car ils exagéraient. Ils auraient dû comprendre les difficultés du gouvernement d'un pays pauvre que le Bon Dieu a abandonné sans ressources. Doivent-ils définitivement baisser les bras au moment où la situation est plus invivable ?

 

Les syndicats ne devraient plus être seuls

 

Dans la première déclaration, Nana Thibaut faisant sa lecture de la vie chère avait écrit que les syndicats n'ont rien fait. Jusqu'à présent il y a beaucoup de Burkinabè qui pensent comme lui. C'est parce qu'ils étaient seuls que les prix des hydrocarbures ne baissaient pas. C'est parce qu'ils n'avaient pas assez de forces que le gouvernement ne cédait pas. Par conséquent, les syndicats ont compris toutes interpellations des Burkinabè tendant à faire d'eux la seule force à même de lutter contre la vie chère. En proposant la constitution d'un front, les syndicats offrent l'occasion à tous ces indécis de se joindre à eux pour cette lutte. Néanmoins, on peut avoir l'humilité de reconnaître que c'est grâce à leurs actions que les prix des hydrocarbures n'ont pas subi des hausses intempestives malgré l'augmentation du prix du baril.

Aujourd'hui, l'explosion sociale vient donner raison aux syndicats et aux médias qui avaient déjà tiré la sonnette d'alarme. Ceux qui sont sortis brûler et casser n'ont à aucun moment dit qu'ils posaient les revendications des syndicats. Ils ont évoqué pêle-mêle les taxes, les impôts, la flambée des prix, la vie chère etc. Il se trouve que ce sont des thèmes qui ont fait marcher les travailleurs des années durant. Mais quand les syndicats organisaient leurs marches, les commerçants étaient chaque fois devant leurs boutiques fermées prenant les marcheurs pour des casseurs. Pour dire que les commerçants se sont rarement intéressés aux revendications syndicales. Même quand ils ont intégré la réhabilitation du marché Rood-Woko dans leur plate-forme, seule l'ONACOM-B dirigée par Ousmane Tapsoba participait aux manifestations. Pour cela, Monsieur Tapsoba a eu des démêlées avec le richissime Oumarou Kanazoé et a dû faire la prison pour une affaire de 50 millions de FCFA.

Nous avons encore mémoire en janvier 1999 quand le Collectif contre l'impunité organisait ses journées villes mortes, le maire de Ouagadougou, Simon Compaoré faisait le tour pour demander aux commerçants d'ouvrir leurs boutiques. Les commerçants ont toujours été les alliés du parti au pouvoir. C'est la mauvaise gestion de l'après incendie du marché Rood-Woko qui a détérioré la première fois les relations entre le pouvoir en place et certaines organisations de commerçants. Une assemblée générale de commerçants avait été réprimée par la police le 4 février 2004. La ville de Ouagadougou avait connu des émeutes dont l'ampleur avait dépassée celle du 28 février dernier. Donc, c'est la deuxième fois que les commerçants manifestent leur raz le bol à Ouagadougou. Cette fois, ils ont manifesté contre les taxes et les impôts. Par conséquent cette nouvelle donne n'a laissé que des interrogations au ministre des finances, Jean Baptiste Compaoré : « Dans quel pays avez-vous déjà vu des commerçants manifester contre la vie chère ? ». Comme s'il revenait au gouvernement de dire aux citoyens quand et quoi ils devraient revendiquer. L'attitude des commerçants nous fait rappeler ce dicton moaga qui dit : « quand on dit qu'on ne siffle pas la nuit c'est quand ton caleçon n'a pas pris feu ». Aujourd'hui, les grandes questions sont : Est-ce que et comment les commerçants vont-ils participer aux manifestations qui s'annoncent ? Ne nous leurrons pas trop. La difficulté réside dans le fait que le secteur informel comme son nom l'indique n'est pas organisé.

Aussi les structures de consommateurs qui ont en leur sein des membres du parti au pouvoir vont-ils rejoindre le front contre la vie chère ? La naissance du front clouera-t-il le bec à tous qui pensent lutter contre la vie chère par simple opportunisme ?

 

Le yelkayé qui a accentué la vie chère

Les Burkinabè ont pris l'habitude de croire que les problèmes n'arrivent qu'aux autres. Certains pensent que ceux qui se battent sont fous pour le faire. En effet, les étudiants et les syndicats sont considérés comme des experts en revendications. Ils traînent des préjugés dans la population. Ceux qui nous dirigent ont une mauvaise perception de la revendication. Quand bien même ils reconnaissent l'existence d'un problème. Ils préfèrent leurs maîtres mots : la manipulation, et le putsch etc. Dans cette stratégie, le régime Compaoré réussissait à déplacer les problèmes et à donner les solutions qu'il veut : la répression et/ ou des petites mesures. Cependant, certains burkinabè avaient toujours compris que ce ne sont que des faux fuyants. La crise actuelle montre ses recettes ne font plus école. L'étau s'est de plus en plus resserré autour de lui. Aujourd'hui le pouvoir se trouve pris dans le piège de ses politiques qui ne prennent pas en compte les populations. Des manifestants ont brûlé et cassé. Le gouvernement s'est précipité pour proposer des mesures confirmant que sans contraintes, il n'a pas de solutions aux problèmes posés. Comment va-t-il convaincre le front qui naîtra de sa bonne foi ? Lui qui a longtemps fait tourner les syndicats en bourriques. Wait and see.

Nabi Youssfou



07/03/2008
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