repères, Il y a des valeurs........

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Meurtre commis par un Libanais/L’impunité panique le gouvernement

Meurtre commis par un Libanais

 

L’impunité panique le gouvernement

 

Dans la nuit du vendredi 11 janvier la Télévision nationale a fait une édition spéciale. Nous avons pensé à un remaniement ministériel comme certains le présageaient ou un problème d’urgence nationale. C’est cette dernière hypothèse qui l’emporta. La communauté libanaise (environ 800 âmes) et ses biens étaient en danger. Pourquoi ? Parce qu’un Libanais du nom d’Abbas Damen a tué Idrissa Ouédraogo dit Daouda et a pris la fuite. Qu’est-ce qui explique la spontanéité et la panique du gouvernement ?

 

Un Libanais a tué un Burkinabè. Il ne devrait pas avoir de problème parce qu’il y a déjà eu des meurtres similaires. Des Burkinabè tuent d’autres Burkinabè tous les jours. Mais le gouvernement burkinabè a toujours en mémoire deux événements récents : les assassinats qui ont conduit la destruction des biens des chaînes des Kundé et la mort du militaire qui a provoqué les affrontements entre militaires et policiers. Promptitude ! Les Biens des Libanais sont tellement immenses au Burkina que leur destruction aura un impact considérable sur l’économie nationale en cette période de flambée des prix. Les dommages seront incalculables. En fin de compte, le gouvernement a paniqué par peur de la violence de l’impunité.

 

Les traces de la panique gouvernementale

 

Voici le communiqué du ministre de la Sécurité qui a informé l’opinion du meurtre : « Ce jour, vendredi 11 janvier 2008, le service du Commissariat de police de l’arrondissement de Bogodogo, dans la commune de Ouagadougou, a découvert le corps sans vie d’un jeune homme, de nationalité burkinabè du nom de Idrissa Ouédraogo dit Daouda, précédemment agent de change à l’aéroport international de Ouagadougou. Cette découverte fait suite à une plainte des travailleurs de la Société AFRIBACHE, dont le siège est à Abidjan, en République de Côte d’Ivoire. Inquiets de la fermeture inopinée de leur société toute la journée du 10 janvier, ils ont saisi les services de police. Selon les premiers éléments de l’enquête, le sieur Idrissa Ouédraogo dit Daouda, aurait été tué par un de ses partenaires d’affaires du nom de Abbas Damen de nationalité libanaise et présent au Burkina depuis seulement huit (8) mois. Abbas Damen aurait, selon les informations en notre possession, convié Idrissa Ouédraogo dit Daouda, à son domicile, dans la nuit du 9 au 10 janvier 2008, au prétexte de convertir des francs CFA contre des dollars américains. Selon toute vraisemblance, cela n’était qu’un piège odieux pour s’emparer de l’argent en sa possession après l’avoir assassiné. Le sieur Abbas Damen aurait précipitamment quitté le territoire burkinabè le 10 janvier dans la nuit et a été aux dernières nouvelles, localisé à Abidjan où il est activement recherché par les services de police par l’intermédiaire d’Interpol. Le gouvernement présente ses sincères condoléances à la famille et aux proches du disparu. Il invite par ailleurs, chacune des personnes concernées à la retenue et au calme, car ce crime ne saurait rester impuni. La communauté libanaise qui vit en parfaite symbiose avec le peuple burkinabè doit être épargnée de toute velléité de violences face à un acte criminel isolé dont l’auteur est vivement recherché avec la collaboration de toute la communauté libanaise du Burkina ».

Ce communiqué relate de façon brève les faits. En dehors de la somme de 40000 dollars (information donnée par le consul du Liban) que Idrissa Ouédraogo aurait mis dans sa valise pour rejoindre son présumé bourreau, la version des faits reste la même diffusée dans l’opinion. Un autre communiqué signé le 13 janvier par le ministre de la Sécurité nous informe de l’arrestation du présumé auteur à Beyrouth et deux de ses présumés complices de nationalité burkinabè à Abidjan. Il félicite le peuple burkinabè pour le calme et la retenue. La fébrilité du gouvernement était marquée par la présence de la police dans la ville. Des personnes influentes à même de calmer les ardeurs de groupes de jeunes ont été contactées. Des instructions ont été données aux chefs d’établissements scolaires  pour qu’ils prennent toutes les dispositions afin que des mouvements de scolaires ne partent pas de leurs enceintes etc. Avec le contrôle de la situation,  il y a eu plus de peur que de mal. Mais le régime n’est toujours pas sorti de l’ornière quant aux réactions d’humeur des populations. Tant que l’impunité que nous dénonçons tous les jours ne prendra pas fin, chaque jour il aura la peur au ventre.

 

Des précédents certes, mais les intérêts aussi

Nous évoquons plus haut la mort d’un militaire qui a provoqué les 19, 20,21 décembre 2006 des affrontements entre les militaires et les policiers. En mars 2007, les assassinats des Messieurs Maré et Bancé ont conduit à la destruction des maquis appartenant aux chaînes des Kundé. Pour ce dernier événement, le Premier ministre de l’époque, Paramanga Ernest Yonli a expliqué par le fait que : « Les Burkinabè restent influencés dans leur vécu quotidien et dans leur perception des réalités, par les principes et les règles de la société traditionnelle. Du point de vue des mentalités dominantes, le Burkina des villes est un condensé du Burkina des villages ».

En réalité, l’explication était très simple, les Burkinabè se rendent de plus en plus justice parce qu’ils n’ont plus confiance à la justice de leur pays. Tout simplement, elle traîne dans ses placards des dossiers de crimes impunis. Pourquoi les populations voulaient-elles s’en prendre aux Libanais et à leurs biens ? Au-delà des raisons évoquées, les rapports entre les Burkinabè et la communauté libanaise ne sont pas au beau fixe. Ce n’est que le discours politique qui dit que les deux communautés vivent en symbiose. Cependant, les Libanais de par leur position dominante dans le commerce traînent des sales casseroles. En effet, ils sont perçus comme des exploiteurs de leurs employés burkinabè. Les Burkinabè exerçant dans le commerce les accusent d’être des commerçants usant des voies déloyales. Leurs problèmes des Libanais ne durent pas en justice du fait de la corruption. L’exemple de la Mercedes tueuse en 1996 en est une illustration parfaite impliquant le ministre de la justice de l’époque Yarga Larba. Malgré tout ce qu’on reproche à cette communauté, elle est la plus prospère et riche. Elle occupe une part importante dans l’économie nationale. Compte tenu de cet aspect, le gouvernement se devait de mettre tout en œuvre pour empêcher la destruction des biens. Des biens qui seraient communs avec certains Burkinabè qui se sont associés avec eux. Nous sommes d’avis avec ceux qui ont réagi pour dire que toute la communauté ne peut être sanctionnée pour le crime d’un seul libanais.

 

Quelles leçons peut-on tirer ?

 

Il y a eu mort d’homme et personne ne peut se réjouir de cela. Cela a mis à mal les rapports entre les Burkinabè et la communauté libanaise. Cette méfiance qui existait à cause du comportement de certains membres de cette communauté n’est pas prête de s’estomper. Néanmoins, nous apprécions à sa juste valeur les regrets et le pardon adressés à la famille et au peuple burkinabè par les premiers responsables de la communauté libanaise dont le Consul honoraire du Liban, Joseph El Hage. Il y a des actions pérennes que cette communauté libanaise devrait mener au profit de ses membres. Elle devrait s’éduquer au respect des lois de ce pays et des Burkinabè. Parce que la suprématie financière n’est en aucun cas un droit pour les abus de tout genre. Cette fois, la bombe semble être désamorcée mais la prochaine fois, personne ne pourra imaginer de qui adviendra parce qu’il y a un précédent qui a failli enflammer le pays.

Quant aux autorités burkinabè, elles devraient convenir avec tous ceux qui luttent contre l’impunité des crimes de sang et crimes économiques qu’il faut une justice exemplaire pour les coupables. C’est parce que le régime a cultivé l’impunité que des individus ont le courage de tuer leurs proches avec une ferme conviction qu’il n’y aura rien. C’était une règle d’or il n’y a pas longtemps dans ce pays.

Nabi Youssfou



23/01/2008
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