repères, Il y a des valeurs........

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Fraudes aux examens du BEPC/Un autre mal de l'éducation

Fraudes aux examens du BEPC

Un autre mal de l'éducation  

 

Les épreuves du Brevet d’études du premier cycle (BEPC) ont commencé le 13 juin dernier et ont encore retenu l’attention parce qu’elles ont été émaillées de fraudes. En effet «  le pétrole a inondé les jurys », telle est l’expression qui a été utilisée pour traduire l’ampleur des fraudes de cette année. Mais le directeur de l’Office Central des examens et concours du secondaire (OCECOS), Didace Gampiné est sorti à la télévision nationale reconnaître les faits tout en les qualifiant simplement d’irrégularités constatées au cours des épreuves de mathématiques, de Physique et Chimie. Par conséquent, cette minimisation devrait aussitôt lui permettre de circonscrire le mal à Ouagadougou et à Bobo-Dioulasso. Ces irrégularités qui ont semblé être importantes ont entraîné une reprise des deux épreuves dans les deux localités le 18 juin dernier. Pourtant, d’autres voix tel que le SYNTER avait demandé la reprise de tout l’examen sur toute l’étendue du territoire arguant sur la possible propension de ces fraudes grâce aux technologies. Les supputations vont bon train non seulement sur la crédibilité de cet examen mais aussi sur un mal devenu récurrent.

 

Tous les acteurs du système éducatif et l’opinion publique conviennent tous qu’il y a eu fraudes au BEPC. Les divergences ne tiennent qu’à leur ampleur. Mais l’autorité a vite tranché en reprenant les épreuves dans les deux capitales du Burkina pour sauver leur face et leur poste. Le drame est que nous ne sommes pas à la première situation de fraude. En 2004, les mêmes épreuves avaient été reprises. La récurrence du mal et les tentatives de minimiser son ampleur montrent à tel point qu’il n’a pas non seulement été traité mais ne le sera pas avec la célérité et la rigueur qui seyent. Le laxisme et la fuite en avant qui entourent l’organisation des examens ne sauraient être payés par quelques petites gens. En fin de compte le perpétuel colmatage signifie que la crédibilité et la fiabilité des diplômes intéressent peu. C’est une culture de la médiocrité qui s’est installée au Burkina Faso. Chose dont il n’a plus besoin d’envier plus les autres pays au palmarès.

 

 

Ouagadougou et Bobo-Dioulasso, les tricheuses

Pour justifier la reprise des épreuves dans les deux villes, le directeur de l’OCECOS dit n’avoir pas reçu d’informations venant des autres régions sur la fraude. Il a parlé de régions mais la reprise des épreuves s’est limitée aux chefs lieux. Beaucoup d’arguments ont été donnés pour battre en brèche l’argumentaire selon lequel la fraude n’a pas pu atteindre tout le pays. Quand Bobo-Dioulasso qui se trouve à 360 Kms de Ouagadougou a connu le phénomène, que dire des villages et villes qui se trouvent à quelques encablures de ces capitales? Il y a des élèves qui résident à Ouagadougou qui sont allés faire l’examen à Kombissiri, Saponé etc. Est-ce que si le directeur de l’OCECOS avait reçu des informations sur l’ampleur des fraudes en serait-il autrement ? Serait-il prêt à l’assumer en tant que premier responsable ? Serait-il prêt à faire perdre à l’Etat de l’argent dans la reprise des examens ? Monsieur Gampiné serait-il prêt à perdre son poste ? Nous pensons qu’en faisant le tour de toutes ses interrogations il a opté de minimiser les conséquences en prenant la décision politique la moins coûteuse. Nous avons pensé un instant que le ministre serait mêlé, lui qui tient à la qualité des examens en revenant à l’ancienne formule du Baccalauréat. Qui perd maintenant dans tout ça ? Un fois de plus le système éducatif. Un système qui tangue dont on ne trouve jamais un responsable sauf la responsabilité partagée. Il faut bien qu’il ait un arrêt pour revoir tout. Le dernier séminaire ministériel a porté sur la reforme du système éducatif. Gageons que le débat sera le plus ouvert possible pour permettre la prise en compte des propositions de tous les acteurs du système.

 

 

En attendant, des gens devraient payer

 

La fraude une ! La fraude deux fois ! Elle devrait s’arrêter. C’est le sentiment général qui se dégage chaque fois que le mal revient en surface. Voici une énième unanimité sur la question. En effet, la fraude peut-elle trouver un bon remède quand on aborde souvent le mal comme étant un problème des élèves. Pourtant, la fraude est bel et bien un problème de grandes personnes, donc une question d’intérêts. Certaines informations ont déjà désigné un reprographe comme le premier responsable desdites fraudes. Comment peut-il faire sortir des sujets si la sécurité du tirage était garantie par les forces de sécurité ? Qu’est ce qui l’a poussé à le faire ? Sa cupidité ? Peut-il avoir un esprit cupide si la rémunération pendant toute la période de l’examen lui permettait de s’éloigner du vice ? Dans l’organisation des examens, nous avons la certitude et la conviction que ce sont les grands patrons qui raflent les grosses sommes parce que chargés de la supervision et de la coordination des examens. Pendant ce temps ces reprographes qui ont peut-être veillé pour tirer les sujets s’en sortent avec des miettes. Il faut plus de justice et d’équité dans le désintéressement pour que le reprographe ne camouffle plus des sujets pour les monnayer. C’est tout un système laxiste qui a failli. Par conséquent, toute la chaîne de responsabilité de l’OCECOS devrait payer jusqu’au directeur qui enregistre trop de fraudes dans sa gestion. En 2004, les sanctions n’ont pas été à la hauteur des attentes. En effet, après les interpellations du directeur régional du centre et le directeur des examens et concours et le jugement clément d’une présidente de centre et des élèves, l’actualité de la fraude était retombée.

Nous revoilà en 2007 pour les mêmes problèmes. Cette fois, le ministre devrait avoir le courage d’abord de prendre des mesures drastiques à l’encontre des responsables de la défaillance du système d’organisation des examens. Ensuite, le choix et le tirage des sujets pourraient se faire dans des lieux plus sécurisés que l’ECECOS. Pourquoi pas convier l’organisation de ces dernières tâches à la gendarmerie ou au Prytanée militaire du Kadiogo ? Enfin il faudrait mettre toutes les personnes impliquées dans l’organisation des examens dans de meilleures conditions. Il ne sert à rien d’arguer qu’il n’y a pas assez d’argent pour la prise en charge pour que la fraude engendre d’autres dépenses.

Nabi Youssfou

 

 

 



11/01/2008
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