repères, Il y a des valeurs........

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Fermeture des maisons de passe/La passion de Simon Compaoré

Fermeture des maisons de passe

La passion de Simon Compaoré 

 

Le maire de la ville de Ouagadougou, Simon Compaoré a animé une conférence de presse le 8 février dernier pour faire part à l'opinion de sa ferme volonté de fermer les maisons de passe et de lutter contre le racolage. En exhumant ce projet qui date de 1995, il dit vouloir appliquer la loi afin de permettre à des citoyens de vivre dans la quiétude dans sa ville.

 

Lors des présentations de vœux du Conseil municipal, le maire de Ouagadougou avait annoncé que la lutte contre les maisons de passe sera son affaire pour l'année 2008. Une priorité ! Pourtant, il n'y a de plus urgentes dans la commune. Le maire Simon Compaoré sait que la lutte contre la prostitution est un « serpent de mer », donc un problème délicat mais il veut oser. Ce genre de défis semble devenir sa passion sommes-nous tentés de dire.

 

Repli tactique pour mieux sauter

C'est un vieux projet du maire Simon Compaoré : « En 1995, nous arrivons pour la première fois à la tête de cette ville, animés d'une volonté herculéenne de nous attaquer aux maux qui minaient notre cité, nous avons déclaré à l'époque, la guerre aux maisons closes et à la prostitution par racolage ». Mais le maire s'est ensuite ravisé : «  je dois le confesser nous nous sommes rendu compte de la complexité de ces questions ». Cela nous fait rappeler le débat très serré qu'avait eu le maire avec une prostituée à cette époque à la Télévision nationale. La première intention a été donc infructueuse mais une décennie après le maire revient à la charge avec d'autres moyens et des arguments.

Face à la complexité du problème, le maire a reconnu que: « il fallait alors observer un repli tactique, pour emprunter au lexique des stratèges militaires. Oui un repli pour analyser le phénomène, mieux l'appréhender afin d'envisager des approches plus élaborées, des solutions adéquates ». Il s'agit pour le maire de lutter contre la prolifération des maisons et la prostitution parce que l'un étant le ferment de l'autre. La problématique qui se dégage est de savoir si cette lutte a pour ambition d'annihiler ou de juguler ces deux phénomènes ? Monsieur Simon Compaoré en est conscient : « Il est illusoire de se fixer comme objectif, l'éradication définitive de la prostitution dans notre ville, cela nous le savons Aussi, allons-nous focaliser nos interventions sur les phénomènes du racolage et des maisons closes ». Une commission ad hoc municipale a exploré la question avec les gestionnaires des maisons de passe et a dégagé des pistes d'intervention. En 2005, il y avait 99 maisons de passe dans la commune. Ce nombre pourrait être revu à la hausse vu l'ampleur du phénomène. Séance tenante, le maire de Ouagadougou a encore demandé aux différents maires d'arrondissement de convoquer les gestionnaires de leur ressort municipal à une rencontre le 20 février 2007 afin de leur donner un délai de 3 mois pour mettre fin à leur activité avant le maire ne leur applique la loi.

 

Au nom de la loi et de l'éthique

« J'ai la loi avec moi avec le Code pénal en mains » s'est exclamé le maire devant les journalistes. En effet, le premier argument du maire est fondé sur le constat : « c'est la prolifération exponentielle des maisons closes ou chambres de passe qui est le facteur favorisant de la prostitution sous toutes ses formes. Le racolage est le premier vecteur de propagation des IST/SIDA ». Nous avons choisi d'inscrire notre action dans le cadre global de la lutte engagée par le gouvernement du Burkina Faso, contre le SIDA et les IST ». Aussi Le maire de Ouagadougou a-t-il martelé que le racolage et le proxénétisme sont interdits par la loi. C'est ce qui constitue la base juridique de son action.

Le deuxième argument est fondé sur le fait que : « la quasi-totalité des maisons closes recensées sont érigées sur des parcelles initialement destinées à l'habitation, toute chose constituant un détournement de destination donc un délit au terme de la loi ». Le maire a proposé aux intéressés de transformer ces maisons en logements pour les élèves et les étudiants ou de demander le changement de destination de leurs parcelles en prenant le soin de d'indiquer la nouvelle. Dans le contraire, tout refus d'obtempérer aboutit au retrait pur et simple de la parcelle car : «  la Réforme agraire et foncière en ses articles 158 ,226 ,227 et 228 dispose que tout changement de destination d'un terrain sans une autorisation préalable, entraîne une déchéance qui n'ouvre droit ni à indemnité, ni à remboursement ».

Le maire se donne aussi un devoir moral : « un autre élément qui interroge nos consciences et qui devrait nous pousser à l'action est que, certaines de ces maisons closes sont situées en pleine zone d'habitation, influençant ainsi dangereusement nos enfants et nos sœurs ou à proximité des lieux de culte ». Un peu remonté contre les journalistes qui insistaient, le maire nous dit : « Quand vous dormez, des citoyens m'appellent pour me dire qu'ils ne peuvent accéder à leurs maisons parce qu'ils sont à côté d'une maison de passe. Ils trouvent des préservatifs devant leur porte. Vous voulez que je reste là à ne rien faire ? Non je vais agir ! ».

 

Tout fautif sera-t-il sanctionné ?

Nous sommes inquiétés des hôtels, auberges et autres où se pratiquent la prostitution, en voici la réponse du maire : « Détrompez-vous, nous sommes conscients de l'ambiguïté de ces maisons closes. Tenez par exemple de petits hôtels et auberges déclarés se livrent aux mêmes pratiques que les maisons closes et la part des choses souvent difficiles à établir. Mais, il demeure cependant, que, ces établissements favorisent la prostitution par racolage ou se font complices de cette pratique, donc passibles des sanctions prévues par la loi ».Il se trouve que dans la stratégie du maire il n'y a que les maisons de passe illégalement installées qui seront traquées. Pour les petits hôtels et auberges dont la preuve n'est pas encore établie, les activités illégales peuvent continuer jusqu'à ce que des enquêtes soient diligentées. Par conséquent, ils prospéreront à la disparition de leurs concurrentes. Il est connu que les personnes qui veulent des cadres plus conviviaux ne vont pas dans les chambres de 1000 FCFA. Gageons que la fermeture des chambres de passe donnera les résultats escomptés. La pratique pourrait prendre d'autres formes. Les jardins lugubres et espaces vides auront plus de fréquentations surtout que ces lieux n'étaient pas exempts de tout soupçon. Pour que l'investissement du maire ne soit pas vain, il y a lieu de prendre en compte la partie invisible de l'iceberg.

Nous pouvons dire que l'intention est bonne, mais pour que le maire en fasse une priorité cela voudrait dire qu'il a déjà apporté des solutions aux problèmes les plus pressants de la cité. Les questions que certains se posent : Est-ce que les propriétaires des boutiques et autres maquis construits sur des parcelles d'habitation se sont-ils tous conformés à la loi ? Est-il légal ou juste et normal que certains citoyens de la commune aient plusieurs parcelles pendant que d'autres n'en ont même pas une seule ? Pour ce dernier cas, nous pensons que si le maire s'y penchait il y aurait assez de parcelles à donner au programme 10000 logements. C'est plutôt pour cette justice sociale que le maire Simon Compaoré aurait pu s'investir plus depuis 1995.

Nabi Youssfou



18/02/2008
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