repères, Il y a des valeurs........

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Chef de file de l’opposition/Mettre l’accent sur l’action et la crédibilité

Chef de file de l’opposition

Mettre l’accent sur l’action et la crédibilité

Le 22 septembre dernier, le bureau de l’Assemblée nationale a désigné le chef de file de l’opposition burkinabè. Le député Maître Bénéwendé Stanislas Sankara, président du l’Union pour la Renaissance/ Parti Sankariste (UNIR/PS) a été l’heureux élu. Au regard de la loi, le titre est attribué au premier responsable du parti de l’opposition qui a le plus de députés à l’Assemblée Nationale. L’UNIR/ PS a cinq (5) députés. C’est une bonne nouvelle pour l’opposition et surtout pour Me Sankara qui fait partie d’une nouvelle génération d’hommes politiques.

On n’oubliera jamais que la désignation du chef de file de l’opposition a fait l’objet de vives et interminables polémiques au cours législatures précédentes. Les Présidents successifs de l’Assemblée nationale n’avaient pas voulu désigner le Professeur Joseph KI-Zerbo et Maître Hermann Yaméogo, un titre qui cependant leur revenait de droit à un moment donné. Après l’éviction de Me Hermann Yaméogo de l’ADF/RDA en juin 2003, c’est en 2004 que le nouveau patron, Maître Gilbert Ouédraogo a été désigné pour la première fois chef de file de l’opposition. Il a abandonné son titre à la veille de la présidentielle de novembre 2005 pour apporter son soutien à la candidature de Blaise Compaoré. Malgré son entrée au gouvernement depuis janvier 2006, l’ADF/ RDA se réclamait toujours de l’opposition. Il a fallu préciser par une loi le statut de l’opposition et de son chef en mai 2009 pour mettre fin  à l’ambiguïté.

Un pas vers la rupture

Maître Bénéwendé Sankara devient le bénéficiaire de la loi portant statut de l’opposition qui a apporté une décantation politique. Il apprécie et mesure l’immensité de sa tâche : « Tout d’abord, ce titre offre un cadre qui permet à l’opposition de s’organiser, d’avoir un agenda et d’élaborer une plateforme commune. Ce qui intéresse l’opposition aujourd’hui, dans sa multiplicité, c’est d’avoir des objectifs globaux. On ne peut pas structurer l’opposition si chaque parti n’y voit pas son intérêt. C’est à nous de savoir transcender nos différences car, souvent, j’ai l’impression que les fossoyeurs de l’opposition sont dans celle-ci plutôt que dans la majorité. Il va falloir se rapprocher les uns des autres. Cette mission me paraît extrêmement difficile, au regard de notre parcours, mais elle n’est pas impossible. Cette volonté est affichée aujourd’hui. Et chacun, à partir de son expérience s’accorde à dire qu’il faut s’unir ou périr. En résumé, le titre va servir à réduire au maximum les fossés, et à parvenir à l’unité d’action », in Fasozine du mercredi 30 septembre 2009.

Avec les échéances futures, la question de l’unité de l’opposition est une question d’actualité, presqu’une question délicate. Les partis de l’opposition ne manquent pas de facteurs communs. Il y a aussi une constance dans le diagnostic qui est fait sur le régime Compaoré. Lors des dernières journées parlementaires du groupe parlementaire Alternance-Démocratie- Justice, il nous a été donné d’entendre le constat  de : « L’échec permanent de Blaise Compaoré qui a atteint un summum. Le Pays des hommes intègres conjugue toutes les crises : économique, sociale, morale, politique... battant ainsi le record du chômage, de la pauvreté, des inégalités, bref, des dettes. Malgré cette situation dramatique, le pouvoir ne se passe guère des mots du genre : "le pays avance" ou "le progrès continu pour une société d’espérance". Quand on sait que le progrès continue seulement pour les hommes du régime. On ne voit aucune "société d’espérance" quand on assiste à la fermeture des unités de production et à un marché national plus que jamais inondé de produits venus de l’extérieur. La pénurie constante de gaz, les prix exorbitants des denrées de premières nécessités, du carburant, les délestages du courant électrique sont autant de facteurs qui aggravent la paupérisation du peuple sans défense ». Au président du groupe, le député Kientéga a dit pour terminer par : « Face donc à un pouvoir qui échoue, nous devons être une opposition qui gagne ». C’est là toute la problématique qui se pose à l’opposition depuis les deux décennies de démocratie au Burkina Faso.

Me Sankara Bénéwendé nourrit l’espoir de poser les jalons : « Il n’y a pas de remède miracle. Nous devons concrétiser notre volonté politique de travailler ensemble. Déjà, au niveau de ceux qui se réclament de l’idéal sankariste, nous travaillons, au sein du groupe parlementaire ADJ, avec le président du Front des forces sociales (FFS), Norbert Michel Tiendrébéogo. Il y a également eu la fusion de l’Union pour la renaissance-Mouvement sankariste (Unir-MS), de la Convention panafricaine sankariste (CPS) et d’une partie du FFS. Certains partis sankaristes ne sont pas représentés à l’Assemblée nationale, mais on se retrouve dans le Cadre de concertation des partis de l’opposition (CPO). Nous avons toujours voulu travailler ensemble et, entre sankaristes, il n’y a pas de diversité idéologique. Le statut nous offre une occasion pour rassembler plus large.

D’ailleurs, en tant que chef de file de l’opposition, ce n’est pas l’idéologie politique des partis, mais l’appartenance à l’opposition, dans son ensemble, selon la clarification effectuée par la loi, qui compte. C’est du reste cet appel que je lance à tous les partis de l’opposition burkinabè, afin que nous puissions travailler ensemble », in Fasozine.com du mercredi 30 septembre 2009.

Le nouveau chef de file de l’opposition ne perd pas de vue qu’il ne pourra pas rassembler tous les opposants. Il devrait mettre l’accent sur ceux qui ont envie d’avancer. Ceux dont la crédibilité et la représentativité ne font aucun doute.

Il faut la vérité, rien que la vérité

Maître Sankara refuse que l’on nie l’existence de l’opposition : « L’opposition n’est pas inexistante. Selon la loi, un parti d’opposition est le parti qui s’oppose au parti ou au regroupement de partis qui sont dans la mouvance présidentielle ou qui soutiennent l’action du gouvernement. Cette définition clarifie le jeu politique. On sait maintenant quel parti est de l’opposition ou ne l’est pas. Et je trouve que ce n’est pas vrai de dire que l’opposition est inexistante. Depuis l’adoption de la Constitution en 1991, les Burkinabè en âge de voter ne s’attachent pas aux processus électoraux. Ce qui veut dire que le peuple attend un changement à la tête de l’Etat. C’est en cela que la question de l’alternance est très importante. Cependant, il faut se demander si le jeu politique actuel permet l’alternance. Je ne le crois pas. C’est d’ailleurs ce qui explique la résistance du pouvoir. L’opposition évolue dans un système. Pour cela, tout système sécrète son opposition. Si le système est bancal, il y aura une opposition bancale. Par contre, si le système est dynamique, si les règles du jeu sont claires, l’opposition sera dynamique ». L’opposition existe, elle se bat avec les moyens de bord. Ceux que le système lui a offerts. Quels moyens s’est-elle enfin donné pour se battre ? S’est-elle assez battue ? Se bat-elle vraiment ? Ce sont autant de questions que chacun se pose régulièrement. Allons-nous tous nous résoudre à dire que l’opposition a fait ce qu’elle pouvait. Les résultats aussi sont visibles. Autant, le procès du régime est fait sans ambages, la responsabilité de la classe politique burkinabè est collective.

Dans le milieu de la jeunesse, ils ne sont plus nombreux à croire que la génération actuelle des politiciens soit encore à mesure de leur apporter grand’chose Des personnalités telles le Professeur Mahamadé Sawadogo pense qu’il faut un renouvellement radical de la classe politique. Il est impérieux que de nouvelles forces politiques s’introduisent sur la scène politique. Les gens ont marre de voir les mêmes têtes aux devants de la scène politique et sociale depuis plus de deux décennies. Les Burkinabè devraient s’engager davantage en politique pour conjurer ce triste sort. La relève générationnelle doit se faire maintenant.

Nabi Youssfou

 



13/10/2009
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